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Ex aequo

versão impressa ISSN 0874-5560

Ex aequo  n.23 Vila Franca de Xira  2011

 

Les maîtresses d'hommes mariés. Raison et sentiments dans les amours adultères au prisme du genre

 

Marie-Carmen Garcia*

GRS/Centre Louise Labé Université Lumière-Lyon 2

 

Résumé

L'article questionne les représentations de l'amour dans les relations entre femmes célibataires et hommes mariés. L'idée de départ est la mise en question des thèses actuelles sur la conjugalité et l'extraconjugalité qui dénient la dimension de genre à l'œuvre dans les conceptions contemporaines de l'amour. Le texte montre que, si hommes et femmes ont en commun une représentation romantique de l'amour, le modèle dominant de la masculinité est en décalage avec la primauté des sentiments et de la valorisation du soi intime qu'elle implique, et que les femmes adhèrent, implicitement, à ce modèle.

Mots-clés genre, amour, extraconjugalité, féminité, masculinité.

 

The mistresses of married men. Sense and Feelings in adulterous love in a gender perspective

Abstract

This paper deals with the representation of love in relationships between single women and married men. The idea is to question the current theories about adultery love who deny gender dimension in the contemporary world. This paper reveals that men and women are romantic lovers, but the dominant model of masculinity, sustained by men on reality, disregards the importance of love feelings against the value of inner self and social status while women adhere to this model.

Keywords gender, love, extra-conjugal love, femininity and masculinity.

 

As amantes de homens casados. Razão e sentimentos nos amores adúlteros na perspectiva de género.

Resumo

O artigo questiona as representações do amor nas relações entre mulheres celibatárias e homens casados. O ponto de partida é o questionamento das teses actuais sobre a conjugalidade e a extraconjugalidade que negam a dimensão de género nas concepções contemporâneas do amor. O texto mostra que, embora homens e mulheres partilhem uma representação romântica do amor, o modelo dominante da masculinidade diverge do primado dos sentimentos e da valorização do eu íntimo que essa representação implica e que as mulheres aderem, tacitamente, a este modelo.

Palavras-chave género, amor, extraconjugalidade, feminidade, masculinidade.

 

 

Dans les cultures antiques grecques et juives, l'amour dans le mariage, tissé au fil des ans et symbolisé par la fécondité, la réserve et la dignité de l'épouse, était différencié de l'amour hors mariage, amour conçu comme érotique, passionnel, infécond et immoral. Les deux sentiments ne devaient pas être confondus, même dans les relations entre époux. La morale stoïcienne, reprise par les premiers chrétiens, interdisait ainsi «d'aimer sa femme comme une maîtresse» (Ariès, 1982: 117). Amour conjugal1 et amour érotique ont ainsi évolué dans des sphères largement étanches étanches l'une à l'autre pendant plus de deux mille ans.

C'est au cours du XVIIIe siècle, qu'un idéal de mariage amoureux s'est imposé en Occident rapprochant progressivement la relation conjugale de la relation érotique. Le modèle contemporain du mariage d'amour s'est consolidé au cours du XIXe siècle avec l'avènement de la morale sexuelle bourgeoise porteuse d'une éthique puritaine élaborée contre les mœurs jugées dissolues de la noblesse (Chaumier, 2004). Dans ce nouveau modèle de conjugalité, les époux doivent s'aimer (ou faire semblant de s'aimer) et se désirer. Le couple contemporain idéal est ainsi autosuffisant, il est censé apporter aux partenaires toutes les satisfactions intimes et plus rien ne justifie socialement l'assouvissement des désirs affectifs ou sexuels hors de lui. Mais, si l'amour naissant (Alberoni, 1993) remplit ces fonctions de satisfactions affectives, sexuelles et narcissiques, la fusion des premiers instants laisse souvent place à un sentiment de vide, à une absence de désir ou à un manque affectif et sexuel. Les enquêtes sur le divorce montrent ainsi que les unions se fragilisent sous l'influence du processus d'individuation (Elias, 1991) dans lequel l'autonomie, la «liberté d'être soi» et l'accomplissement amoureux constituent des valeurs centrales, favorisant une «polygamie répartie dans le temps» (Neyrand, 2002: 86) plutôt que la pérennité des premières unions.

Cependant, l'avènement du mariage d'amour et la banalisation du divorce ne signifient pas toujours que les individus quittent un amour épuisé pour un amour nouveau. L'enquête quantitative dirigée par Nathalie Bajos et Michel Bozon (12 364 personnes interrogées) sur la sexualité des Français montre que 34% des hommes et 24% des femmes déclarent avoir vécu au moins une période de relations parallèles, les proportions augmentant fortement avec le nombre de partenaires au cours de la vie entière. La situation de non exclusivité sexuelle (même si elle ne renvoie pas toujours à l'infidélité conjugale: l'échangisme ou le multi-partenariat consenti au sein d'un couple constituent aussi des situations de non exclusivité sexuelle), bien qu'elle soit généralement de courte durée, est donc plutôt fréquente (Bajos, Bozon, 2008: 223-224).

Les amours adultères ne sont donc pas rares. Pourtant l'extraconjugalité n'a, jusqu'à présent, guère intéressé la sociologie française. Or, elle constitue un terrain d'observation privilégié des modalités d'articulation entre le modèle de l'amour romantique, l'idéal conjugal contemporain et le système de genre. D'une manière générale, elle permet, en outre, de faire l'hypothèse, qu'en matière d'intimité, le processus d'individuation n'a pas le même impact sur les hommes et les femmes. Certains sociologues ont déjà relativisé l'idée selon laquelle l'avènement de l'individualisme et de l'hédonisme toucherait l'ensemble de notre société et ils ont montré que la valorisation des désirs individuels et de l'expression de soi concerne en réalité plutôt les classes moyennes et supérieures (Blöss, 2002).

L'individualisme ne peut-il prendre d'autres formes que la succession des unions en matière de conjugalité? Les modèles de l'amour romantique et du mariage d'amour signifient-ils que les formes ancestrales de la conjugalité et de l'extraconjugalité disparaissent? Comment peut-on imaginer que la structure patriarcale séculaire qui est au fondement de ces formes sociales s'efface au bénéfice d'une image de l'individu «libre» et «autonome»? Comment peut-on penser qu'hommes et femmes incorporent ce modèle de la même manière?

Ces questions sont au fondement d'une recherche en cours intitulée Conjugalités et extraconjugalités. Socialisation, parcours, normes et valeurs2. Il s'agit prioritairement d'examiner les biographies de personnes ayant (ou ayant eu) une relation extraconjugale durant plusieurs années avec une même personne. Mais je m'intéresse aussi aux personnes célibataires – en général il s'agit de femmes – qui ont une relation amoureuse durable avec quelqu'un qui est marié. L'infidélité couvre des pratiques et des représentations qui dépassent largement la définition retenue par Charlotte Le Van selon laquelle il s'agit de la situation d'hommes et de femmes «vivant (ou ayant vécu) en couple hétérosexuel, ayant (ou ayant eu) volontairement des relations sexuelles extraconjugales avec un(e) partenaire, à l'insu et contre le gré de leur conjoint(e) ou compagnon (compagne)». (Le Van, 2010: 37). En effet, Veronika Nagy a examiné les éléments de réponse dans la formulation du grief d'adultère dans vingt-six dossiers de «divorce pour faute» et elle a confirmé que la fidélité conjugale est autre chose qu'une simple obligation d'exclusivité sexuelle puisque «le lien de l'époux et de sa maîtresse, ou de l'épouse et de son amant, est composé d'un alliage entre intimité physique et sentiment amoureux» (Nagy, 2005: 77).

Cet article vise à questionner les représentations de l'amour au sein de relations où l'homme est marié et la femme célibataire. A travers les récits de quelques «femmes de l'ombre», je veux montrer que les relations amoureuses secrètes prennent appui sur un modèle archaïque du patriarcat relié à une représentation monogame de l'amour romantique. Mon texte se structure autour de l'histoire de deux femmes: Célestine et Solange. La première attend désespérément, depuis trois ans, que son amant quitte sa femme pour elle. La seconde vit depuis neuf ans une histoire d'amour avec un homme marié, il n'est pas question qu'il quitte son épouse et elle apprécie cette situation. L'histoire de Célestine ouvrira sur la question du sacrifice de soi dans la représentation romantique de l'amour. L'histoire de Solange permettra de poursuivre l'analyse en prenant en compte la place des représentations dominantes de la masculinité dans la construction des configurations amoureuses étudiées.

Encart méthodologique

La recherche sur laquelle prend appui ce texte comporte deux types de matériaux: des entretiens biographiques et un corpus de textes issus de blogs. Pour ce qui concerne cet article, les analyses concernent principalement six blogs, en français, de femmes maîtresses célibataires d'hommes mariés. La sociologie n'est pas encore habituée à exploiter ces discours produits sur internet. Par conséquent, il semble indispensable d'expliquer quelles sont les conditions de production de ces matériaux. Pour cela, les analyses des sociologues Dominique Cardon et Hélène Delaunay-Teterel (Cardon, Delaunay-Teterel, 2006) sont toutes indiquées.

«Blog» est une contraction de Web-log, qui signifie «carnet de bord sur le Web». Il s'agit d'un outil d'autopublication, apparu en 1999 aux États-Unis, à l'intersection entre le site internet et le forum de discussion. Un blog est d'abord un journal personnel. Mais, les billets (appelés aussi «posts» ou «notes») peuvent être commentés par des internautes et les échanges entre l'éditeur-trice et ses lecteurslectrices constituent un réseau de communication, parfois dense, sur une thématique particulière. Il faut souligner que quel que soit le degré d'intimité de ce qui est exposé sur un blog, il ne se soumet pas aux règles de la correspondance privée. Les blogs sont en effet pour la plupart librement consultables. Par conséquent, le public, anonyme, constitue un tiers toujours présent dans les interactions.

Ajoutons à ces quelques éléments de compréhension que, d'une manière générale, les blogs sont majoritairement tenus par des femmes, jeunes adultes, urbaines, diplômées, célibataires et avec une vie sociale relativement intense. D'après les sociologues, la bloggeuse

occupe les moments de désœuvrement d'une vie en solo et s'insère dans tous les moments de la journée, le réveil, le midi, la nuit, mais aussi les plages interstitielles du temps de travail. Si l'écriture est souvent en continuité avec des pratiques d'écritures personnelles antérieures ou parallèles (journal intime, fiction, poésie, etc.), la naissance du blog est, plus encore, associée à la traversée de moments biographiques particuliers (Cardon, Delaunay-Teterel, 2006: 34).

Les blogs que nous avons analysés correspondent parfaitement à cette description. Les femmes racontent, au jour le jour, leur relation avec leur amant en insistant à la fois sur la chronologie des événements, leurs émotions, leurs attentes, leurs pensées… Comme d'autres blogs, ceux des maîtresses célibataires sont déclenchés par une interrogation personnelle. Il s'agit particulièrement du moment où ces femmes commencent à se demander si leur amant va quitter sa femme pour elles. Le blog apparaît comme un espace d'objectivation mais aussi d'idéalisation, où l'on met en scène une certaine image de soi et où s'intensifie aussi le rapport réflexif à soi, central dans le processus d'individuation de nos sociétés. Au final, les blogs sont à la fois des lieux d'expression et de construction de soi pour soi et pour autrui et des lieux de communication avec une communauté virtuelle partageant des intérêts ou des expériences communes.

J'ai procédé à une analyse à la fois thématique et inspirée des méthodes d'analyse conversationnelle de six blogs (environ 200 posts pour chacun d'eux, les corpus correspondent à un an ou deux de publications, j'ai clôturé les analyses en septembre 2010) de maîtresses d'hommes mariés. Les bloggeuses ont entre 30 et 35 ans, elles n'ont pas d'enfants, des professions intermédiaires, elles ont connu des unions allant de deux à cinq ans avant de rencontrer l'homme marié avec lequel elles entretiennent une relation actuellement. À partir de ces blogs, j'ai aussi étudié le discours de femmes qui laissent des commentaires.

Le modèle de l'amour romantique monogame à l'épreuve de l'amour pour un homme marié

Célestine: une attente infiniment dévouée

Célestine a trente-cinq ans, elle est infirmière à Lille. Elle a connu Bernard, infirmier dans le même établissement, en 2005. D'après Célestine, à cette époque ils ont eu un coup de foudre l'un pour l'autre mais comme ils étaient l'un et l'autre en couple, ils auraient renoncé à aller plus loin. Après cette première rencontre, Célestine part vivre avec son compagnon à Paris. Elle ne revoit Bernard que deux ans plus tard, lorsque, séparée de son compagnon, elle revient dans le Nord. Bernard, lui, s'est marié et a deux filles. Célestine, elle, n'a pas d'enfants.

Lors d'une soirée organisée dans le cadre de leur travail, au printemps 2007, Bernard et Célestine dansent ensemble, ils sentent le désir monter, s'embrassent et terminent la soirée chez la jeune femme. Ils amorcent alors une relation amoureuse passionnelle. Célestine est persuadée que le destin les a remis sur la route l'un de l'autre parce qu'ils sont faits l'un pour l'autre. Elle ne se départit pas de l'idée que leur relation dépasse le simple hasard: il s'agit pour elle d'une destinée qu'il faut accomplir. Les amants se voient quotidiennement chez Célestine et sur leur lieu de travail. Au fil des six premiers mois de leur liaison, il devient évident pour Célestine que Bernard doit quitter sa femme, qu'il dit ne plus aimer. Mais Bernard hésite car, d'après lui, cela ferait du mal à ses enfants. Alors, la tension monte entre les amants mais l'amour passionnel de Célestine est, apparemment, attisé par l'idée que Bernard est dans l'impossibilité de vivre son amour au grand jour.

En décembre 2007, Bernard part en vacances deux semaines avec sa famille. Il envoie quelques messages téléphoniques à son amante et l'appelle quelques fois. Mais cela paraît très insuffisant à Célestine qui vit mal les incertitudes sur son avenir avec Bernard. Elle répond alors aux avances d'un autre homme avec lequel elle passe une nuit mais, dès le lendemain, elle éprouve une grande culpa-bilité et raconte tout à son amant, à son retour. Il lui dit alors qu'il ne peut s'engager avec quelqu'un d'aussi peu fiable qu'elle et lui fait une leçon de morale sur la sincérité et la fidélité. La jeune femme se convainc alors que si elle n'avait pas «fauté», Bernard quitterait sa femme pour elle. Au cours de l'année qui suit, Célestine est de plus en plus profondément persuadée que Bernard est l'homme de sa vie et qu'il vit avec une mégère qui n'est ni une bonne épouse, ni une bonne mère. Probablement que cette image de «mauvaise femme» qu'elle projette sur l'épouse de son amant s'élabore sur les propos de ce dernier mais cela semble aussi lui permettre de se percevoir comme une femme vertueuse et digne. En effet, de son point de vue, si Bernard lui en donnait l'opportunité, elle pourrait, elle, être son épouse attentionnée et une mère attentive aux enfants qu'ils auraient. La question de la maternité devient prépondérante dans la relation que Célestine entretient avec son amant.

Bernard, quant à lui, continue d'éluder les questions de sa maîtresse concernant son éventuel divorce. «Il ne sait pas», «il ne lit pas l'avenir», telles sont ses réponses et Célestine se perd dans le désespoir et la solitude. Sa vie se réduit peu à peu à l'attente: l'attente des visites de son amant, l'attente d'un coup de fil, l'attente d'un message électronique. En août 2008, la question des vacances se pose de nouveau. Bernard a prévu de partir un mois à l'étranger avec sa famille. Célestine entre dans une colère noire: elle ne comprend pas qu'il puisse partir avec une femme qu'il dit ne pas aimer alors que c'est elle qu'il aime. Bernard lui dit qu'il n'a pas le choix.

Célestine passe quatre semaines à attendre des messages téléphoniques qui arrivent au compte-gouttes, elle se sent envahie par l'angoisse. Cependant, après plusieurs disputes et de fortes tensions, elle reprend les relations avec son amoureux qui lui demande de patienter, se dit perdu et la supplie de l'aider et le com-prendre. Célestine décide d'attendre qu'il soit prêt. Mais, elle voudrait avoir un enfant avec lui, ce qu'il refuse. Néanmoins, la jeune femme cesse d'utiliser un moyen de contraception et en informe son partenaire qui ne prend, lui non plus, aucune précaution pour éviter une grossesse. En janvier 2009, Célestine tombe enceinte. Quand elle apprend sa grossesse, elle écrit «c'est le plus beau jour de ma vie» et elle est persuadée que son amant va être heureux d'apprendre la nouvelle. Mais elle se trompe. Quand Bernard l'apprend, il l'implore d'avorter. Il lui dit que, si elle garde l'enfant, il se tue. La jeune femme est atterrée, mais elle prend la décision de procéder à une IVG (Interruption Volontaire de Grossesse) et de quitter son amant. Ils se séparent durant trois mois. Célestine souffre énormément de cette rupture, elle entre dans une déprime «abyssale». Elle consulte un psychologue et veut «s'en sortir». Elle change de service à l'hôpital et modifie ses horaires afin de ne pas croiser Bernard. Mais, au printemps, celui-ci la recontacte et malgré la décision qu'elle a prise de ne plus jamais le revoir, Célestine reprend peu à peu sa place de maîtresse. Plus d'un an après, elle dit ne plus attendre que son amant quitte sa femme, mais elle veut avoir un enfant avec lui.

Un amour sacrificiel pour l'obtention de l'amour absolu

Ainsi racontée, l'histoire de Célestine constitue un exemple paradigmatique de l'analyse proposée par les sociologues féministes de l'amour comme relation de pouvoir. Sonia Dayan montre comment les gratifications non négligeables qu'une femme peut tirer de sa relation intime avec un homme sont liées au déploiement de qualités définies comme féminines: compassion, tendresse, dévotion. La satisfaction du désir hétérosexuel est souvent rattachée à l'acceptation volontaire, pleinement assumée, d'une position d'infériorité vis-à-vis du partenaire «mâle» (Dayan-Herzbrun, 1982). L'amour pour un homme marié est particulièrement favorable à la mise à l'épreuve des qualités d'abnégation, de patience et de renoncement des femmes, dans une perspective de gratifications ultérieures où le courage de l'amante serait récompensé par l'amour de l'homme qu'elles aiment et qui leur serait (enfin) entièrement dévoué et les protègerait. Le plus grand succès de ces femmes serait de devenir le seul et unique objet d'attention et de soins d'un homme. En ce sens, elles s'inscrivent pleinement dans le schéma traditionnel de genre à l'intérieur duquel une «vraie femme» se réalise pleinement grâce à la reconnaissance masculine (Löwy, 2006: 37-38).

Ces femmes ont conscience de l'emprise de leur amant sur leur vie, leur avenir, leurs choix. Elles expriment dans leurs blogs leur volonté de sortir de ce qu'elles appellent «une cage dorée», une «spirale infernale» ou un «piège». Bien souvent, elles rompent avec leur amant, parfois durant des mois, elles veulent «sortir de leur dépendance», se «désintoxique». Mais, le processus est le même chez chacune d'entre elles. L'homme les recontacte. D'abord, il veut seulement des nouvelles, ensuite, un rendez-vous. Elles ne répondent pas toujours favorablement aux demandes de leur (ex)amant mais elles finissent par le revoir et reprendre le cours de la relation, dans les mêmes conditions. Alors, apparaît dans le discours de ces femmes, une autojustification de ce qu'elles considèrent être «leur faiblesse»: c'est «l'amour fou» qu'elles portent à cet homme. Après l'échec d'une séparation – parfois plusieurs – l'idée que leur amour est hors du commun se voit consolidée: «ils ne peuvent vivre loin l'un de l'autre».

Selon Pierre Bourdieu, «l'amour fou» est la «forme la plus accomplie» de l'amour, autrement dit, celui qui suspendrait le calcul égoïste et les effets de la routine (Bourdieu, 1998). Ce point de vue n'est sans doute pas en complète contradiction avec le fait que la relation amoureuse est une relation particulière de domination sociale. Si ces femmes ne «calculent» pas, il n'en reste pas moins qu'elles sont dans une relation amoureuse objectivement dissymétrique. Comme le font remar-quer Patricia Mercader, Annik Houel et Helga Sobota, «les relations amoureuses entre hommes et femmes ont ceci de particulier (entre autres choses !) qu'elles sont les seules relations de domination sociale où le dominant et le dominé sont supposés s'aimer, et de fait s'aiment souvent, quoi que signifie ce terme d'amour pour tel ou tel sujet singulier» (2004: 91). L'amour dans les relations étudiées semble constituer une des formes les plus abouties de l'assujettissement des femmes.

Les femmes concernées sont à la fois «prises» dans une relation de souffrance et porteuses des images stigmatisantes de «briseuses de couples», «voleuses de maris» ou «femmes légères». Non seulement elles souffrent de leur situation mais encore elles ne peuvent guère espérer trouver soutien, compassion ou compréhension dans un monde social où coucher avec le mari d'une autre est perçu comme une des plus grandes bassesses féminines. En effet, d'une part, dans les sociétés patriarcales, la rivalité entre femmes, notamment pour les faveurs d'un homme, constitue un pivot du système de genre et d'autre part, l'image des «tentatrices» qui détourneraient les hommes de leurs obligations est très négative. En somme, les maîtresses célibataires d'hommes mariés incarnent un des modèles les plus négatifs de la féminité3 tout en étant prisonnières du modèle de «l'amour fou». Pourtant, certaines persévèrent, des années durant, dans une situation intenable socialement et psychologiquement.

Il faut dire que leurs amants leur donnent tout de même une certaine reconnaissance. Ils insistent sur le fait que leur amante est la femme de leur vie, leur plus grand amour. Un homme, marié depuis quinze ans, nous disait «Ai-je jamais aimé avant de la [son amante] connaître? Je crois que je n'ai jamais aimé avant». Pour rencontrer les femmes qu'ils aiment en secret, leur téléphoner ou leur écrire, ils prennent toujours le risque, même s'il est mesuré, d'être découverts. De ce point de vue, les maîtresses sont valorisées comme «femmes uniques et irremplaçables». D'ailleurs, il n'est pas rare que leur amoureux leur certifie l'exclusivité sexuelle, leur affirmant qu'ils n'ont plus de rapports intimes avec leur femme. Les amantes sont très sensibles à cet argument qu'elles croient volontiers et qui les rassure à la fois sur leur place dans l'existence de leur amant et sur une certaine équivalence de leur situation affective et sexuelle: «elle n'a que lui et il n'a qu'elle»… Bien qu'il soit marié.

Les femmes dont il est question ici ne choisissent pas la position de maîtresse, elles la subissent dans l'espoir d'accéder à la position de compagne légitime de l'homme qu'elles aiment. Elles ont le sentiment d'être destinées à ces hommes (qui leur seraient aussi destinés) mais que «l'histoire» leur a joué un mauvais tour et qu'il faut rétablir un bon ordre des choses où elles vont former un couple légitime avec celui qu'elles désignent souvent comme «l'homme de leur vie». La représentation idéalisée de l'amour sur lequel se fondent ces relations cachées est donc bien celle de l'amour romantique: absolu, autosuffisant, exclusif, intemporel et unique, avec en plus l'obstacle que représente le mariage de l'homme pour aboutir (enfin) à la «véritable» union. La mise à l'épreuve du lien entre les amants ne fait d'ailleurs que consolider le sentiment de vivre un «grand amour» qui doit franchir des obstacles conséquents avant de s'épanouir pleinement.

La construction d'une triade conjugale

Solange: l'adultère comme quasi-couple

Solange a trente-trois ans, elle est célibataire, assistante sociale et vit dans une petite ville du Sud de la France. Elle a connu Pierre il y a dix ans, par des amis communs, alors que son compagnon venait de la quitter. Pierre est marié, a deux enfants et vingt ans de plus qu'elle. Solange est tombée immédiatement sous le charme de cet homme, chef d'entreprise, sportif, cultivé et plein d'humour. Elle a sympathisé aussi avec son épouse, Sandrine, et elle est devenue une amie de la famille. Pendant plusieurs mois, elle a fréquenté le couple, mais, de temps en temps, Pierre et elle faisaient aussi des activités sportives sans Sandrine, moins passionnée de marche et de course à pied que Solange et Pierre. Progressivement, l'intimité entre ces derniers a grandi et un soir, alors qu'ils se fréquentaient depuis un an et qu'ils prenaient un verre ensemble chez la jeune femme, Pierre lui dit qu'il avait envie d'elle. Elle lui répond qu'elle aussi. Ils font l'amour. Le lendemain, Pierre revient voir la jeune femme pour lui expliquer qu'il voudrait continuer de la fréquenter mais qu'il ne quittera jamais son épouse. Solange, qui est éperdument amoureuse de Pierre, accepte ses conditions. Qu'elle ne puisse pas partager complètement sa vie avec lui ne lui pose pas de problème insurmontable d'autant qu'elle préfère vivre seule, qu'elle sait avoir des problèmes d'infécondité et qu'elle ne souhaite pas avoir des enfants.

Aujourd'hui, cela fait neuf ans que Solange et Pierre entretiennent une relation quasi-conjugale. Il lui rend visite tous les jours, dîne et dort parfois chez elle, l'aide au quotidien, regarde la télévision avec elle… La jeune femme parle de son épanouissement sexuel, elle dit que son amant l'a révélée dans ce domaine. Les amoureux s'inscrivent ainsi dans une quasi-conjugalité faite d'éléments de vie commune mais aussi d'un contrat implicite d'exclusivité sexuelle et affective qui est en fait caractéristique des amours adultères de longue durée. En effet, le modèle de l'amour autosuffisant, s'il n'exclut pas toujours la sexualité conjugale, conçue comme une «obligation conjugale» par les amants, exclut en revanche la possibilité d'avoir d'autres partenaires extraconjugaux4.

Au cours du temps, l'épouse de Pierre a eu des doutes sur la nature des relations entre son mari et leur amie. Ces doutes n'ont jamais été complètement levés, mais, aujourd'hui, il est assez clair pour elle que son mari a une liaison avec Solange. Les cris, les pleurs, les menaces n'ont pas manqué. Sandrine a insulté plusieurs fois Solange, considérant qu'elle la trahissait doublement: parce qu'elle lui «enlevait» son mari et parce qu'elle avait été son amie. Au début, Solange était meurtrie par les propos de l'épouse de Pierre. Puis, elle y a prêté de moins en moins attention, pour ne plus la considérer que comme une ombre un peu négative planant au-dessus de son bonheur avec son amant. Car Solange dit qu'elle ne pourrait être plus heureuse et envisage de poursuivre sa vie de cette manière.

Le bonheur dont témoigne la jeune femme montre que l'indisponibilité objective de l'amant ne constitue pas automatiquement un obstacle à la construction d'une relation amoureuse durable pour une femme célibataire. Mais, il faut sans doute prendre en compte, pour comprendre l'attitude, plutôt atypique, de Solange qu'elle ne souhaite pas avoir d'enfants. L'impossible accès à la maternité avec l'homme aimé constitue, en effet, souvent une des frustrations majeures des «femmes de l'ombre» et ce qui bien souvent conduit à la rupture. Comme l'explique Pascale Molinier, «la masculinité a de longue date la valeur d'une praxis; tandis que la féminité continue d'être considérée comme donnée ou en attente d'être révélée par un autre, l'amant de jouissance ou l'enfant» (Molinier, 2004: 25). Les amantes d'hommes mariés expriment d'une manière ou d'une autre une «révélation» de leur être, notamment au travers de la sexualité, mais aussi du regard porté sur elles par cet homme qui est bien souvent conçu comme un idéal masculin. Cela étant, la «révélation» ne semble pouvoir être parachevée sans la maternité qui constitue la clef de voûte de la féminité socialement construite.

La position de Solange n'en relève pas moins de l'idée de l'amour unique et absolu. Elle pense, en effet, que Pierre est l'homme de sa vie, qu'aucun autre homme ne pourrait lui apporter ce qu'il lui apporte. Pourtant, à la différence des autres femmes amoureuses d'hommes mariés, elle a intégré le mariage de Pierre dans sa vision des choses. Elle considère qu'il ne peut pas tout quitter par amour pour elle, que sa femme et ses enfants (maintenant partis du domicile parental) font partie de sa vie et que leur amour mérite qu'elle accepte cet état de fait. Pourtant, Solange vit son histoire dans le secret et elle rêve souvent que Sandrine quitte Pierre, lui laissant le champ libre. Dans l'entourage de la jeune femme, personne ne sait qu'elle a une liaison avec un homme marié. Pour ses amis et sa famille, elle est une «éternelle célibataire». Parfois, on lui demande si elle est en couple mais elle ne sait que répondre. En ce qui concerne Sandrine, non seulement elle ferme les yeux sur la relation de son mari avec Solange mais encore, elle est objectivement complice de leur secret car elle ne l'a pas divulgué, bien qu'ils aient de nombreux amis communs.

Cette triade pourrait être rapprochée de formes de l'adultère masculin dans la bourgeoisie du XIXe siècle quand épouse et maîtresse avaient chacune une place prédéfinie et inamovible: l'une bénéficiant du statut d'épouse et de mère; l'autre recevant l'amour et les attentions de l'homme. Les hommes explicitent rarement leur adhésion à cette représentation sociale des relations amoureuses et conjugales masculines. Par exemple, ils refusent souvent de désigner la femme qu'ils aiment en secret sous le terme de «maîtresse». Ils disent parfois «mon amoureuse», «mon amante» ou «ma chérie». Pourtant, l'objectivation des situations d'extraconjugalité masculine avec des femmes «libres» renvoie, en partie, à ce schéma. D'ailleurs, il est courant d'entendre ces femmes se défendre de trop accabler leur amant de questions, demandes ou reproches. Elles disent «qu'elles ne sont pas là pour ça», «qu'il a bien assez de problèmes chez lui». Elles sont disposées à être aimantes et dévouées et surtout à être l'image en positif de l'épouse qu'elles imaginent volontiers antipathique et sexuellement peu disponible pour l'homme qu'elles aiment.

Féminité et masculinité à l'épreuve du mariage de l'homme

Notre culture est emplie d'histoires dans lesquelles les amours adultères tiennent une place de choix: Tristan et Iseult, Guenièvre et Lancelot sont des figures emblématiques des amours contrariées par le mariage de l'un des amants. Mais, si le modèle actualisé de l'amour courtois intègre l'image d'une épouse «mal mariée», il conçoit plus difficilement un homme prisonnier de son mariage. Les stéréotypes de la féminité admettent en effet l'absence de choix de la femme et la nécessité qu'un homme fasse le travail de libération pour elle. En revanche, la masculinité hégémonique (Connell, 2005) ne s'accorde pas avec l'image d'un homme dépendant de son épouse. La masculinité dominante implique la «maîtrise de soi» et le «contrôle de ses émotions». D'ailleurs, dans la littérature traditionnelle et dans l'imaginaire collectif, lorsque des hommes s'écartent de leurs responsabilités pour une femme, on les imagine ensorcelés ou manipulés par une puissance féminine malfaisante. La valeur morale des hommes n'est pas de prime abord interrogée.

Dans les histoires qui j'ai exposées, l'homme ne revendique ni amour pour son épouse, ni impossibilité majeure pour expliquer qu'il ne divorce pas. La sauvegarde de la cellule familiale dépasse, en outre, comme on le voit avec Pierre, largement l'éducation des jeunes enfants. Sur un blog, il y avait aussi le témoignage d'une femme qui a été la maîtresse d'un homme marié durant dix-huit ans et qui espérait qu'à l'heure de la retraite, il quitterait enfin sa conjointe. Il n'en a rien fait et lorsque les derniers jours de cet homme sont arrivés, la femme «de l'ombre» n'a pu lui dire adieu, à son grand désarroi. Au cours de mon enquête par entretiens, j'ai eu également l'occasion de rencontrer des hommes inscrits dans une relation adultère depuis des années que le départ des enfants (devenus adultes) du domicile familial n'a pas conduit à divorcer pour s'unir légitimement à leur amante. Si les liens affectifs avec les enfants et les responsabilités à leur égard sont les raisons invoquées le plus souvent par les hommes qui «voudraient divorcer mais ne peuvent pas», l'explication sociologique de leur situation semble plutôt relever d'une tension entre d'une part des aspirations à l'amour et d'autre part la «volonté» (plus ou moins consciente) ne pas déroger à certains attendus sociaux envers leur sexe. Il s'agit sans aucun doute, chez ces hommes, d'une séparation entre un «soi statutaire» et un «soi intime» (Singly [de], Vatin, 2000) qui n'est pas sans rappeler le modèle ancestral de l'infidélité masculine. Le sens du devoir et des engagements, produit dans les socialisations masculines semblent être le véritable verrou conjugal des amours secrètes.

Socialement, les hommes sont reconnus pour ce qu'ils font (travailler, fonder une famille, s'engager politiquement…) alors que les femmes sont reconnues pour ce qu'elles sont: des femmes («révélées» par un homme ou la maternité). Il ne suffit pas de naître mâle pour devenir un homme («tu seras un homme mon fils»). En revanche, l'idée selon laquelle «on ne naît pas femme, on le devient» (Beauvoir, 1949: 285) est loin de s'être imposée dans les représentations ordinaires de la féminité. S'il apparaît que, dans les situations étudiées, hommes et femmes sont liés par une même représentation de l'amour qui se traduit par des sentiments amoureux chez l'un et l'autre, ils sont séparés par ce que chacun de leur sexe est socialement disposé à faire par amour.

D'un côté, l'homme est engagé dans un couple où il «fait» son devoir d'homme et où il a «fait» des enfants à une femme. D'un autre côté, il est dans une relation secrète, vécue comme une relation de couple par sa maîtresse (pas forcément par lui) qui lui demande de lui donner une place de «femme» (la polysémie de ce terme en français prend ici un sens tout à fait intéressant, car «femme» et «épouse» sont synonymes). S'il donnait à l'une ce qu'il enlèverait à l'autre, il met-trait sans doute en question sa position sociale d'homme. La reconnaissance de la maîtresse comme femme est ainsi partielle. Mais l'expectative du divorce de leur amant laisse présager aux amantes des gratifications bien supérieures à ce que serait une union avec un homme «libre». Dans cette perspective, le modèle de l'amour romantique serait porté à son paroxysme et leur place de femme choisie par rapport à une épouse constituerait, implicitement, la preuve de leur singularité.

Conclusion

La représentation de l'amour héritée de l'amour courtois, de l'idée plus récente de mariage d'amour, du couple autosuffisant et lieu d'épanouissement affectif et sexuel est paradoxalement omniprésente dans les configurations étudiées. Dans nos sociétés, d'un côté, le mariage est fondé sur un amour érotisé voué à s'éteindre et qui pourtant doit durer. D'un autre côté, les relations amoureuses passionnées, fortement érotisées, portées par une sexualité débordante sont hautement valorisées. Les «infidèles» semblent résoudre, individuellement et implicitement, ce paradoxe en permettant à leur mariage de durer tout en vivant parallèlement une passion amoureuse. Les maîtresses qui espèrent le divorce de leur amant adhèrent au même modèle de l'amour: fusionnel, monogame et romantique. Elles conçoivent, plus ou moins explicitement, et souvent en accord avec les propos de leur amant, l'union officielle de celui-ci comme une «erreur», comme une relation qui n'a jamais été à la hauteur de leur amour caché. Dans cette optique, la relation extraconjugale est conçue comme une transition vers le «véritable amour» et l'union à laquelle les deux amants sont «destinés».

D'un point de vue subjectif, les hésitations des hommes ne signifient pas qu'ils ne croient pas à la singularité de leur amour adultère mais plutôt qu'ils hésitent à mettre en péril leur statut de «chef de famille». D'un point de vue objectif, l'ensemble de ces analyses me conduit à envisager l'amour des femmes célibataires pour leur amant marié essentiellement comme une forme de domination masculine fondée sur des modèles patriarcaux archaïques. Les maîtresses investissent une énergie considérable pour la valorisation et la confirmation de l'ego masculin. En reprenant l'expression de Virginia Woolf, elles «reflètent l'image de l'homme le double de sa taille originelle» (Woolf [1929], 1992). Elles participent de la confirmation de la puissance masculine non seulement parce qu'il s'agit de femmes amoureuses mais aussi parce qu'elles font partie d'une configuration de genre où l'homme a deux femmes alors qu'elles n'ont qu'un seul homme. Les représentations sociales qui soutiennent les discours des femmes qui attendent de s'unir officiellement avec leur amant s'inscrivent dans les modèles socialement construits autour d'une vision traditionnelle du rôle masculin dans le couple, même s'il s'agit d'un couple illégitime.

 

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Artigo recebido em 31 de Outubro de 2010 e aceite para publicação em 30 de Abril de 2011.

 

Notas

*Est sociologue. Elle mène des recherches sur le genre et les socialisations sexuées. En 2005, elle a publié avec Sylvia Faure, Culture hip hop. Jeunes des cités et politiques publiques, Paris, La Dispute. Elle vient de terminer une recherche sur le genre dans l'univers du cirque contemporain (Artistes de cirque contemporain. Représentations sociales et pratiques artistiques, Paris, La Dispute, à paraître 2011). Depuis plusieurs années, elle s'intéresse aussi à la sexualité et la conjugalité. Marie-Carmen.Garcia@univ-lyon2.fr

 

1 Cet article traite uniquement de la conjugalité et des relations amoureuses hétérosexuelles.

2 Elle fait partie du programme de recherche Cluster 13 de la Région Rhône-Alpes (France), Genre et Culture (resp. Christine Planté) au sein de l'axe «Politiques du corps, du sexe, de l'amour et de la famille», Université Lumière-Lyon 2, 2010-2011.

3 Les termes «féminité» et «masculinité» renvoient dans ce texte à la construction sociale des identités sexuées.

4 Il existe des cas de figure où des personnes entretiennent une relation extraconjugale durant plusieurs années avec un «contrat» de non exclusivité mais il s'agit de relations qui ne sont pas définies par les intéressés comme étant «amoureuses» et dans lesquelles les partenaires ne se voient qu'occasionnellement, sans maintenir beaucoup de contacts entre les rencontres.

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