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Psicologia

versão impressa ISSN 0874-2049

Psicologia vol.18 no.1 Lisboa jan. 2004

https://doi.org/10.17575/rpsicol.v18i1.418 

Contextes, expressions et dynamique représentationnelle

Itinéraire dans l'évolution des recherches sur les représentations sociales

Contextos, expressões e dinâmica representacional: Itinerário na evolução da investigação sobre representações sociais

 

Bernard Gaffié*

*Laboratoire "Dynamiques Sociocognitives et Vie Politique"; Maison de La Recherche, Université Toulouse le Mirail; 5, allée Antonio Machado; 31058 Toulouse Cedex 9, France; Tel; |33| (0)5 61 50 48 29; courriel: galtie@univ-llse2.fr

 


RÉSUMÉ

Cet article propose une vue chronologique sur l'évolution des recherches sur les représentations sociales: une première période d'études descriptives fait place à celle des modèles de l'organisation des représentations, puis l'accent est mis sur les facteurs et processus de leur genèse et de leur transformation (pratiques sociales, persuasion et influence, engagement et implication, identité,..). L'analyse de travaux représentatifs de ces différentes périodes s'attache à repérer la part qu'ils accordent aux contextes (socio-historique global ou actuels et proximaux) dans lesquels fonctionnent les représentations. Des développements récents de recherches dans ce champ mettent l'accent sur l’étude de représentations circulantes, de leur expression et de leurs fonctions lors de confrontations intergroupes, Ces travaux montrent une grande variabilité des représentations exprimées suivant le contexte actualisé; ils insistent aussi sur la permanente négociation entre les acteurs pour définir la réalité sociale. Privilégier cette diversité des expressions impose d'accorder une attention particulière à l'identité des acteurs, au contexte de leurs échanges et aux résistances qu'y rencontrent les ferments de transformation. On suggère de distinguer l'étude de la dynamique représentationnelle (appliquée à cerner les échanges autour de l'objet de représentation) de celle du changement des principes organisateurs, et de situer plus clairement les recherches dans la temporalité si ce n'est dans l'histoire.

Mots-clés Representations sociales, dynamique représentationnelle, changement, contexte, communications, rapports intergroupes.


RESUMO

Este artigo propõe uma. visão cronológica da evolução da investigação sobre as representações sociais: a um primeiro período de estudos descritivos sucede-se 0 período dos modelos de organização das representações, sendo de seguida enfatizada a análise dos factores e processos envolvidos na sua génese e transformação (práticas sociais, persuasão e influência, envolvimento e implicação, identidade...). A análise dos trabalhos característicos destes diferentes períodos pretende evidenciar a importância que atribuem aos contextos (sócio-históricos globais ou actuais e próximais) nos quais funcionam estas representações. Desenvolvimentos recentes da investigação neste campo enfatizam o estudo das representações circulantes, da sua expressão e das suas funções no quadro das confrontações entre grupos. Estes trabalhos revelam uma grande variabilidade das representações expressas em função do contexto actualízado; insistem também na permanente negociação entre actores para definir a realidade social. Privilegiar esta diversidade de expressões impõe que se preste uma atenção particular á identidade dos actores, ao contexto das suas troca? e as resistências que encontram os fermentos de transformação. Sugere-se a distilo entre o estudo da dinâmica representacional (aplicada â detecção das trocas sociais em tomo do objecto de representação) e o estudo da mudança do« princípios organizadores, e propõe-se situar mais claramente a investigação, se não na história, pelo menos na temporalidade.


 

Introduction

Moscovici (1961) place d'emblée l'impact des contextes au coeur de la genèse et du fonctionnement des représentations sociales (RS) et distingue des déterminations centrale et latérale. La première (conditions socio-historiques globales) régirait l'émergence d'une RS à propos d'un objet; la détermination latérale, plus liée aux circonstances (expériences individuelles et collectives, modes de communication, langages...), régirait davantage les processus cognitifs et motivationnels, jouerait sur la sélection, la mémorisation et la mise en relation des éléments. La RS traduit ainsi non seulement la place des sujets et des groupes dans les rapports sociaux mais aussi et surtout leur positionnement dans ces rapports et à l'égard de l'objet. L'attention accordée à ces différents contextes a reçu une attention fluctuante; elle nous servira de fil conducteur pour un vagabondage dans l'évolution des recherches sur les RS.

Sujet, autrui, objet et contexte: des approches "ethnographiques"

Une RS est toujours la représentation d'un objet par un sujet (habituellement collectif) et exprime ses relations avec autrui par rapport à l'objet dans le champ considéré. Cette devise semble être celle d'un premier front de recherches dans les années soixante et soixante-dix. La période est marquée par l'approche de grands champs de la vie sociale: santé et maladie (Herzlich, 1969; Jodelet 1976), culture (Kaes, 1968; Larrue, 1978), ville (Milgram & Jodelet, 1976), orientation et vie professionnelles, éducation (Gilly, 1980), enfance (Chombart de Lauwe, 1979), etc. Ces leurs variations et leurs niveaux de détermination dans différents groupes sociaux. Attachés à décrire, à partir d'observations "sur le terrain" ou d'entretiens approfondis (Larrue, 1970), comment les expériences individuelles et collectives modulent la RS, ces études accordent (dans une approche quasi-ethnographique) pleine importance aux contextes proximaux et globaux. Soudeuses de validité écologi-queautantquede repérage des processus enjeu,ellesont illustré, enrichi et éprouvé la valeur heuristique de l'approche de Moscovici.

Cette ère descriptive a connu (et connaît encore) de fructueux prolongements,1 mais aussi des productions plus schématiques et limitatives, traquant des RS censées peupler les univers mentaux. Tout objet donne lieu à une "représentation" (cognition ou attitude en fait), qualifiée de "sociale" pour peu qu'elle soit partagée par plusieurs individus. Dans cette dérive caricaturale les RS sont décontextualisées et réduites à des reflets d'une réalité extérieure. Moscovid doit rappeler que "il est erroné de dire que les représentations sociales sont des représentations cognitives" (1986, p. 73), éclairant son propos par son appel à une "révolution symbolique". Le questionnement est ainsi replacé sur la dynamique de la pensée soda le et l'analyse de processus d'expression contextualisés, en liens avec les rapports sociaux.

L'organisation des représentations soda!es

C'est en évitant ces écueils delà pure description que, dans les années quatre-vingt, se développent des modèles soucieux de cerner la structuration des RS: celui des "prindpes organisateurs" (Dodse, 1985; 1990; 1991-92) et celui du "noyau central" (Abric, 1976; 1987; 1994; Flament 1981; 1987; Moliner, 1988). Tous deux centrés sur l'organisation des RS, ils diffèrent par leurs focalisations sur les aspects variables ou consensuels, l'ancrage ou l'objectivation, les effets de contexte...

Doise (1985; 1990) et son équipe (Clémence, Doise & Lorenz i-Cioldi, 1994) développent le modèle des "prindpes organisateurs". Doise se réfère è la distinction par Moscovici de deux systèmes articulés, l'un, cognitif et opératoire, "l'autre qui contrôle, vérifie, sélectionne à l'aide de règles logiques ou non; il s'agit d'une sorte de métasystème qui retravaille la matière première produite par le premier" (Moscovici, 1961, p. 254). Ce métasystème est régi par les rapports sociaux et l'étude d'une RS doit donc mettre les cagnitions en relation avec Je système social, source de leur versant symbolique. L'interaction n'exige pas une totale communauté de référents, mais la connaissance de ceux d'autrui et leur situation par rapport aux siens sur des dimensions qui renvoient à des systèmes de significations à propos de l'objet. Ainsi, pour Doise (1990, p. 125), "les représentations sociales sont des principes générateurs de prises de position liés à des insertions spécifiques dans un ensemble de rapports sociaux et organisant les processus symboliques intervenant dans ces rapports". Dans cette perspective, "c'est l'analyse des régulations effectuées par le métasystème des rapports sociaux symboliques dans les systèmes cognitifs individuels qui constitue l'étude proprement dite des représentations sociales, pour au tant que les 1 iens avec des positions spécifiques dans un ensemble de rapports sociaux soient explicités" (Clémence, Doise & Lorenzi-Cioldi, 1994, p. 120). Il faudra donc: — repérer les principes organisateurs des prises de position par rapport à l'objet; — situer les différences interindividuelles dues aux rapports divers que les sujets entretiennent avec ces objets par rapport à ces organisateurs; —relier ces différences aux ancrages dans les réalités collectives (positions sociales des acteurs et relations intergroupes en liaison avec les différenciations sociales actualisées dans le contexte). Le modèle accorde ainsi une attention privilégiée aux processus d'ancrage mais "cette tâche ne va pas toujours de soi car le processus d'objectivation tend à occul ter ces dynamiques relationnelles et effets d'ancrage en présentant des réalités fondamentalement relationnelles comme des entités en soi ayant une existence autonome" (Doise, 1990, p. 138). Doise propose une approche visant à préciser les apports de Moscovici dans leur globalité, au point qu'aucune recherche, de son propre aveu, ne peut embrasser complètement le projet.

La théorie du noyau central (NC) fournit un autre modèle, contrasté, théoriquement et méthodologiquement, par rapport au précédent.2 L'un des principaux objectifs a été de développer un modèle qui se prête à des expérimentations sur la transformation des RS. Ü était pour cela nécessaire de décrire avec plus de précision la structure interne d'une RS, de cerner ses limites et de disposer de critères permettant d'évaluer les changements provoqués. Les premiers travaux d'Abric sur "Jeux, conflits et représentations sociales" (1976) prennent en considération trois dimensions: le sujet, l'objet (tâche ou objectif) et les partenaires. Par la suite, la focalisation s'opère essentiellement (choix légitime) sur i'objet, et la structure de sa RS. Les apports théoriques, méthodologiques et empiriques des équipes d'Aix-en-Provence et de Montpellier (Abric, 1987; 1994; Flament, 1987; Guimelli, 1989; 1994; Guimelli & Rouquette, 1992; Moliner, 1989; 1995...) ont fait du NC le modèle structural actuel le plus achevé et cohérent.

Dans une RS, ensemble de cognèmes organisés, on distingue deux types d'éléments hiérarchisés: le NC (ou système central) et le système périphérique. Composé de quelques éléments fortement reliés, le NC est le sous-ensemble fondamental. Simple et cohérent, il constitue "l'élément unificateur et stabilisateur de la représentation" (Àbric, 1994, p. 180); il a des fonctions génératrice, organisatrice et signifiante de l'ensemble; il correspond bu système de valeurs du groupe; il est constitué d'éléments consensuels, incontournables, inconditionnels. Son identification constitue alors un enjeu capital (Moliner, 1994; Vergés, 1994), et les techniques de mise eu cause (Moliner, 1989), d'introduction d'un scénario ambigu (Moliner, 1993), ou des schèmes cognitifs de base (Guimelli & Rouquette, 1992) ont apporté, dans cette voie, de précieux outils. Le système périphérique a un râle plus fonctionnel et adaptatif; ses éléments les plus proches du NC concrétisent la signification de la RS, les plus éloignés illustrent, explicitent ou justifient cette signification; ils guident la conduite selon les normes centrales mais autorisent des modulations selon des particularités des situations.

Cette différenciation est particulièrement importante sous l'angle du changement. La RS étant définie par son NC, seule sa transformation (adjonction ou suppression d'élément) permet d'affirmer l'existence d'un changement de RS. La propriété du NC est sa stabilité, voire sa rigidité, compensée par la souplesse des schèmes périphériques. Celle-ci permet au système de réagir selon un principe d'économie (Flament, 1989; Guimelli, 1989) en réalisant des ajustements localisés. Le système périphérique joue pourtant un rôle fondamental dans le changement, puisque c'est la perturbation d'une multiplicité de ses schèmes qui peut contraindre le NC à se transformer (Fbment, 1937; 1994), Mais, dans la plupart des cas,les variations sont limitées et transitoires, absorbées par les "pare-chocs périphériques". Une RS ne pourrait se transformer que suite à des évènements importants, "soumis au poids de l'Histoire" (Rateau, 1999, p. 176), qui font apparaître des pratiques en contradiction avec la RS. Encore faut-il que les conduites nouvelles soient nombreuses, générales et perçues comme irréversibles. Le changement s'étendrait ainsi sur plusieurs générations (Flament, 1996) et échappe à nos regards.

Appliquée à repérer les contenus stables des RS, cette approche privilégie l'objectivation et son produit. De là une accentuation des aspects consensuels, "non négociables" "incontournables", qui conduit à la réification d'un cœur définitionnel de la RS, Si des variations, en réponse au contexte actualisé, sont enregistrées, l'analyse porte sur la régulation (rationalisation, apparition de schèmes conditionnels ou étranges, repérage d'une sous-structuration,,,) assurée par la périphérie pour "découvrir le principe organisateur de la représentation masquée par la prégnance d'un contexte particulier” (Abric, 1994, p. 15) et confirmer la stabilité du NC Parallèlement, celui-ci est épuré d'éléments (secondaires, variants ou conditionnels) non proprement définitionnels de l'objet3 Le caractère abstrait et décontextualisé de ces RS est encore accentué par 1b concentration des expérimentations sur quelques objets-modèles4

Ainsi cristallisée, la RS retrouve, au fond, la représentation collective de Durkheim qui visait à établir l'autonomie du social. Homogène, transmise d'une génération à l'autre, elle revêt un statut "d'objectivité" et s'impose aux individus qui la reflètent plus ou moins fidèlement. Si la pensée individuelle est labile, les représentations collectives sont d'une grande stabilité et leurs transformations, sous l'impact d'événements d'une "suffisante gravité" (liés directement aux fondements socioéconomiques) sont rares et lentes. Or des variations circonstancielles peuvent certes masquer des référents communs, mais la réciproque n'est pas moins réelle, car le processus d'objectivation "tend à occulter [les] dynamiques relationnelles et effets d'ancrage en présentant des réalités fondamentalement relationnelles comme des entités en soi ayant une existence autonome" (Doise, 1990, p. 138).

Il faut, à ce point, rappeler que la perspective introduite par Moscovici vise moins à cerner les formations mentales qu'à décrire leur élaboration et leur fonctionnement. Il s'agit de "comprendre, non plus la tradition mais l'innovation, non plus une vie sociale déjà faite mais une vie sociale en train de se faire" (Moscovici, 1989, p. 82). En mettant l'accent sur la discursivité, les communications, l'expression symbolique des positions, on enlève aux représentations "ce côté pré-établi, statique, qu'elles avaient dans la vision classique. Ce ne sont pas les substrats, mais les interactions qui comptent" (idem, p. 83). La question de la production du savoir commun prend ainsi le pas sur celle de sa reproduction, l'examen de la diversité sur celui du consensus et de l'invariance. L'étude des RS ne vise pas à cerner des reflets réifiés de la réalité mais à proposer des cadres hypothétiques d'analyse des processus de pensée et d'échange.

Facteurs et processus de transformation

Parallèlement (avec quelque décalage temporel) au développement des modèles structuraux plusieurs lignes de recherches se sont focalisées sur les processus de genèse et transformation des RS. Selon des approches assez différentes, confrontées à diverses d ifficultés théoriques et méthodologiques, ces études ont exploré les effets des pratiques sociales (Plament, 1987; Guimelli, 1989), de l'engagement (Mo-liner, Joule & Flament, 1995; Roussiau, 1996; Tafani, 2001; Roussiau & Bonardi, 2001), de l'implication (Rouquette 1994; 1997; Bataille, 2000; Guimelli & Des-champs, 2000; Guimelli, 2002), du développement des insertions sociales (Reynier, 1998; Bataille, 2000; Guimelli, 2002), de la persuasion ou de l'influence (Gaffié, 1989; Aïssani, 1991 a et b; Gaffié & Aïssani, 1992; Mugny, Moliner & Flament, 1997; Mugny, Quiamzadc & Tafani, 2001), des identités et des rapports intergroupes (Bonardi & Larrue, 1993; Brandin, Choulot & Gaffié, 1996; 1998; Lorenzi-Cioldi & Clémence, 2001; Tafani & Bellon, 2001), de l'idéologie (Bonardi & Larue, 1993; Rateau, 2000; Gaffié & Marchand, 2001)... La question de la dynamique représentationnelle prend alors le devant de la scène et s'affiche dans les titres d'ouvrages collectifs (Guimelli, 1994; Rouquette & Garnier, 1999; Moliner, 2001). Le foisonnement de ces travaux rend actuellement difficile d'en offrir une synthèse. Nous présenterons simplement quelques-unes de ces lignes de recherche qui semblent constituer actuellement des voies privilégiées pour renouveler la connaissance des fonctions des RS et de leur dynamique. Selon leurs modalités propres, elles soulignent toutes l'importance des rapports (à la fois individuels et collectifs) à un objet-enjeu.

Information, communication et influence

Les tenants du modèle du NC insistent largement sur les liens entre RS et "pratiques". L'élaboration et la transformation des RS s'opèrent à partir de l'apparition de pratiques nouvelles, et la circulation des idées n'aurait qu'un rôle très mineur dans ces évolutions (Fîament, 1987;Guimelii, 1988). Suivant sa logique cette approche évacue ainsi partena i res et communications auprofitdu repérage de la structure des contenus. C'est avec le souci de replacer la RS dans le creuset des échanges quotidiens, où Moscovici Lavait installé, qu'une équipe de chercheurs toulousains (notamment) a initié une ligne-de travaux croisant les problématiques de l'influence et de la persuasion avec celle de la dynamique des RS (e.g. Gaffié, 1989; 1991 ; 1992; Aïssani, 1991 a et b; Aïssani & Bonardi, 1991 ; Cassagne, Bona rd i & Aïssa-ni, 1991; Gaffié & Aïssani, 1992; Roussiau & Soubiale, 1995-96; 1996; Brandin, Choulot & Gaffié, 1998).

Pour étudier l'impact d'une communication, Aïssani (1991a et b) soumet une population à des messages, attribuésà une source (majoritaire vs minoritaire),mettant en cause des éléments (centraux us périphériques) de sa RS de la politique française en matière d'immigration. Seule la majorité a une influence immédiate (effet sur les zones centrale et périphérique, ZC et ZP) lorsqu'elle met en cause un élé-mentduNC,maiscet impact disparaît avec le temps (deux il trois semaines). La minorité n'obtient aucun effet immédiat, mais une influence différée sur la ZP, dont l'ampleur dépend du nombre d'éléments mis en cause (Aïssani & Bonardi, 1991).

Dans la même lignée, Roussiau et Soubiale (1995-96; 1996) étudient l'impact de messages (étiquetés majoritaire ou minoritaire) sur la RS de la construction de l'Europe dans une population étudiante. Ces informations, provenant d'une source intragroupe, portent sur des éléments périphériques, plus ou moins proches du NC. Une première étude (1995-96) relève seulement un impact immédiat d'une source "majoritaire", lorsque celle-ci attaque des éléments périphériques éloignés; quatre semaines après, ces cha ngementsontdisparu pou r la isser place à une légère modification du NC, mais dans le sens de son renforcement (effet boomerang). Dans la seconde recherche (1996) le message vise des groupes d'éléments (toujours périphériques) connexes (ï.e. reliés entre eux) ou non, les premiers étant censés posséder un poids sémantique supérieur dans la RS. Cette fois, aucun impact de la majorité n'est observé, mais une influence minoritaire apparaît sur les éléments périphériques, sans retentissement sur la ZC. En outre on vérifie, dans un cas, que l'effet est supérieur quand les éléments attaqués sont connexes.

Ces recherches montrent que les communications sont à même d'introduire des modifications dans une RS; elles confirment aussi la plus grande résistance du NC et donc le rôle privilégié accordé par Flament (1994) ou Vergés (1994) à la périphérie dans l'introduction du changement. Cependant, les résultats s'avèrent peu constants quant aux effets du type de source, à la localisation et à l'importance des changements ainsi qu'à leur devenir; cette labilité rend difficile une synthèse assurée. Il faut noter que ces recherches sont menées auprès d'étudiants qui ne sont pas forcément intéressés par le thème, ni conduits à se situer par rapport aux groupes pertinents en ce champ. Dit autrement, le contexte des échanges demeure ignoré. D'autres travaux sur la persuasion ont, en revanche, pris délibérément en compte les contextes de confrontations; nous y reviendrons plus loin. Retenons seulement, pour le moment, l'importance du fait que les sujets soient "concernés" par l'événement et la situation.

Engagement, implication, négociation

L'étude des effets de l'engagement ou de l'implication offre sur cette question une voie d'approche que les chercheurs n'ont pas manqué d'explorer.

Les actes contre-altitudinaux peuvent être assimilés à des pratiques contradictoires susceptibles d'initier, par rationalisation, des transformations de l'univers cognitif. Moliner, Joule et Flament {1995) demandent à des sujets de rédiger un essai allant à l'encontre d'une caractéristique centrale ("la rentabilité") ou périphérique {"le travail en équipe") de "l'entreprise"; une échelle d'attitude (importance accordée à l'élément) et une épreuve classique de mise en cause (Moliner, 1989; 1993) permettent d'observer les modifications consécutives. Conformément aux théories du changement d'attitude, la valorisation de l'item attaqué est modifiée dans le sens de l'acte engageant lorsque cet élément est central. Au niveau du statut structurel, l'élément périphérique ne subit guère de transformation, alors que l'élément central adopte "le profil d'un élément périphérique" (Moliner, Joule & Flament, 1995, p, 51 ); ce constat est évidemment contraire à le propriété de stabilité supposée du NC. Les auteurs évoquent alors le fait que les sujets auraient pu protéger cette croyance centrale par un "glissement de sens" (Allen & Wilder, 1980) portant sur "rentabilité" ou "entreprise". Ainsi on n'assisterait pas à un changement dans la RS, mais de RS (i e.d'objet), les sujets imaginant par exemple un type particulier d'entreprise "à but non lucratif" ou "utopique". Les auteurs sont bien "conscients du caractère spéculatif et, à tout le moins, a posteriori''(p. 54) de l'interprétation, mais ils ouvrent la voie à l'examen des effets de L'engagement sut la transformation des RS.

Bonardi et Roussiau (2000) suivent le modèle bidimensionnel de Moliner pour distinguer dans la RS des "études” quatre catégories d'éléments: centraux descriptifs ("définitions"), centraux évaluatifs ("normes"), périphériques descriptifs ("descriptions") et périphériques évaluatifs {"attentes, attitudes"). Dans un paradigme classique d'engagement cuntre-atritudinai, des étudiants sont condu ils à signer une pétition portant sur un item de l'une ou l'autre catégorie. Des tests d'évaluation et de centralité évaluent les modifications subies par La RS, immédiatement ou deux semaines après. L'analyse dévoile des effets assez complexes, parfois contradictoires, voire inconstants. Contrairement à ce qu'avaient enregistré

Moliner el al. (1995), l'opinion visée ne change jamais: les modifications sont toutes indirectes. Les transformations sont introduites aussi bien par la contradiction d'un élément périphérique que par celle d'un élément central, et elles sont encore plus nombreuses dans ce dernier cas (le NC apparaît donc atteignable directement). La dimension descriptive est peu affectée; ia dimension évaluative est plus sensible, au moins à la périphérie (les "normes" centrales étant plus stables). Le NC confirme donc sa résistance; la périphérie est plus perturbée, et on note que tous les déplacements se font dans le sens d'une centralité accrue. Enfin, les modifications de la périphérie perdurent (deux semaines), mais les fluctuations observées au niveau de la dimension évaluative rendent difficile l'interprétation.

Une fois encore la négligence du contexte et des fonctions des RS semble conduire à des prévisions un peu mécaniques. Peut-on penser que la production d'un comportement individuel (même socialisé et engageant) suffise à bouleverser une RS, générée et entretenue lors de communications constantes et régulées par les rapports sociaux? On retiendra cependant que l'engagement peut initier des perturbations au devenir incertain. On remarquera aussi que la dimension évaluative est la plus sensible et que ses éléments activés tendent à se déplacer vers la ZC; ceci pourrait être le signe de leur "candidature à la centralité" dans un débat réouvert. La place privilégiée que semble tenir la dimension évaluative invite à poursuivre la réflexion sur le rôle des valeurs et de l'implication des sujets.

La dynamique représentationnelle est liée aux évènements qui mettent en question les R5 existantes; ce ne sont pourtant pas les conditions objectives qui ont par elles-mêmes un impact, mais leur pertinence pour un groupe donné et les réactions des sujets à la situation nouvelle. C'est à ce point que Rouquette (1994; 1997) situe le rôle de l'implication du/dessujet(s), qui résulte selon lui de la composition de trois dimensions: la valorisation de l'objet, l'identification (le sujet se sentant plus ou moins concerné) et la possibilité d'action perçue.

Le degré d'implication affecte les modes de raisonnement face aux informations contradictoires et, par conséquent, le devenir de celles-ci (Guimelli, 2002; Guimelli & Mil land, 2002). Dans ces expériences, des étudiants en formation de maîtres d'école ou en "gestion des entreprises et administration" (opérationalisati-on d'une valorisation faible vs forte de l'objet) sont placés en position d'observateurs ou d'acteurs (identification faible us forte), avec une possibilité (ou non) évoquée d'agir sur les décisions (contrôle faible os fort), face à des scénarii à propos d'une entreprise (objet de la RS). Dans ces scénarii, un événement met en cause un élément central ("profit") ou périphérique ("épanouissement personnel"). Les sujets expriment leur attrait pour des "canevas de raisonnement" proposés, fondés sur un "schème étrange" (rationalisation, "bonne raison", susceptible d'expliquer la discordance entre l'élément et la RS) ou un "schème de la négation" (rejet radical de l'information perturbatrice, qui maintient la RS dans son intégrité). De façon générale, les canevas de raisonnement privilégiés diffèrent selon que l'attaque porte sur la ZC ou la ZP (et selon la réversibilité ou non de la situation): le schème étrange apparaît dominant dans la majorité des cas, mais laisse place à celui de la négation lorsque le déséquilibre menace le NC. Quant aux effets de l'implication, il apparaît que: a) "le mode de raisonnement ne diffère entre sujets fortement impliqués et sujets faiblement impliqués que si l'enjeu est d'importance (mise en cause du système central)" (Guimelli, 2002, p. 153); b) les trois composantes de l'implication ont des effets cumulatifs; c) les sujets les plus impliqués privilégient des raisonnements plus nu ancés (et une RS plus di fférenciée) qui permettent de rationaliser les effets de la mise en cause, car ils ont "intérêt, du point de vue de l'économie cognitive5 à maintenir en l'état l'objet de représentation" (idem, p. 156). Les auteurs relèvent ainsi que traitement des informations incongruentes protège la RS et concluent sur L'importance de la prise en considération de l'implication afin d'augmenter "la validité écologique des résultats observés" (p. 157),

C'est pourtant sur la validité écologique de ces recherches que Bataille et Mias (2001) émettent des réserves. Présenter des scénarii à des sujets en leur affectant une place et de "virtuelles possibilités" semble une façon bien artificielle d'opérationaliser l'identification. Mais surtout, les deux populations ne se trouvent pas dans le même rapport à l'objet. Pour les futurs enseignants, l'entreprise constitue un objet assez extérieur et la représentation actualisée est sans doute celle du "sens commun"; pour les étudiants en "GEA" l'entreprise est un objet plus familier et la position de décideur renvoie à une projection dans le futur, leur représentation et leur implication seraient de nature professionnelle. Les sujets contextualisent les caractères saillants de la situation en fonction de leurs expériences dans l'univers évoqué et réagissent en conséquence; leurs positions engagent des places sociales et des chaînes de représentations agencées par l'idéologie (Plon, 1968), Or, le degré d'implication affecte aussi le positionnement idéologique qui ordonne la hiérarchie des valeurs par rapport à l'événement (e.g. Beque, 2000), et, partant, sa prise ou non en considération, et son impact sur la RS.

Nous reviendrons plus loin sur la distinction opérée par Bataille et son équipe entre RS et représentation professionnelle et sur leur conception de l'implication. Retenons seulement à ce point que le rapport professionnel à l'objet constitue, pour le moins, un facteur de spécification d'une RS.

L'histoire récente a vu la reconnaissance du "rôle propre" et de l'autonomie de l'infirmière modifier la RS de cette fonction (e.g. Guimelli, 1994); ceci permet à Reynier (1998; 2001) de comparer des éléves infirmières de 1*" ou 3*™ années pour saisir l'évolution de cette RS que, suivant le modèle du NC, il lie à celle des pratiques (épisodiques et disjointes en l*1* année; fréquentes et organisées en 31™). Il prévoit que la RS sera désorganisée (faible distinction entre NC et périphérie) en lirï année du fait de la déstructuration de la RS "commune" par la découverte de la profession; il attend qu'elle se restructure en 3*™ année vers une RS "spécialisée", proche de celle des professionnels. Il utilise pour cela la méthode des "schèmes cognitifs de base" (Guimelli & Rouquette 1992; Rouquette, 1994) sur les inducteurs "rôle prescrit" (traditionnel) et "rôle propre" (moderne). Chez les élèves de 1*** année, le peu de différence de valence entre les deux termes et l'absence d'effet de l'induction de l'un ou l'autre confirment la faible organisation de la RS. Chez ceux 1 du 3*™ année, le terme inducteur a un Impact et l'écart entre les valences est marqué (0,60 contre 0,46) au profit de "râle propre" qui prend une place prépondérante "alors même que sa mise en œuvre effective sur le terrain n'est que parcimonieuse" (Reynier, 2001, p. 110); mais cette représentation "demeure idéale'1, En effet, pour ce groupe, il est indispensable que l'infirmière ait un rôle propre même si la pratique ne lui a pas encore montré que cette autonomie reste difficile à réaliser concrètement" (idem). Cependant, une analyse plus précise indique que "râle propre" n'est pas pour autant devenu central; c'est "rôle prescrit" qui prend un statut central plus affiitné (ces élèves étant surtout centrées sur ce rôle dans l'exécution de leurs tâches). L'auteur en conclut que "rôle propre" constitue seulement un "élément suractivé", un schème cognitif mobilisé par des pratiques spécifiques et auquel le NC "déléguerait" une part de la gestion de la R5 (Flament, 1994); il n'apparaîtrait, dans un premier temps au moins, que dans certaines populations, même s'il peu t participer ensuite à une transforma lion de la RS. N'insistons pas sur cette récurrente protection de l'hypothèse de stabilité du NC, mais relevons quelques points, éclairants selon nous, dans cette étude.

L'objet n'est pas "nouveau" pour les intéressés, mais il change de "nature" et passe "d'une représentation sociale commune à une représentation sociale spécifique ou spécialisée" (Reynier, 2001, p. 99), "Au fil de la formation, de nouvelles informations viennent enrichir le champ de la représentation et contribuent à réduire quelque peu le poids que pouvait avoir le rôle prescrit à l'entrée à l'école" (idem, p. 110), mais ces "apprenties" sont surtout centrées sur leur rôle d'exécution quotidien. Ces propos indiquent bien que la dynamique représentationnelle ne se borne pas à la révision d'un agencement cognitif par rationalisation des pratiques- Il est question d'informations, de formations (par des "formateurs", qui ne sont pas qu'informateurs), de positions organisationnelles (hiérarchiques), de prises de position par rapport à des valeurs (R5 "idéale")-.. Passer de "ce que tout le monde se représente du métier" à "ce que les professionnels élaborent de leur fonction" c'est passer d'une représentation "commune" à une "représentation professionnelle", c'est aussi modifier son "implication".

Retrouvons Bataille et son équipe (Bataille, 2000; Bataille & Mias, 2001; Mias, 19%; Mias 4 Bataille, 2002) qui, de leur place de spécialistes en sciences de l'éducation, mettent en œuvre et interrogent les modèles des RS. Us distinguent aussi "RS commune” et "représentations professionnelles", que les professionnels reflètent de leur propre fonction. Selon Moliner (1996), la "population courante" est par rapport à un objet dans une "configuration conjoncturelle" (l'objet est extérieur à ses objectifs) et c'est la cohésion sociale qui est l'enjeu dominant des échanges; un groupe professionnel est, par rapport au même objet, en "configuration structurelle" (son existence est directement liée à l'objet, enjeu identitaire majeur). De ce fait, les représentations spécifiques que construisent les acteurs de leur activité ne renvoient pas qu'à des rationalisations de pratiques ou à des "éléments suractivés", mais à des positionnements dans un contexte social particulier, des réseaux de relations et des règles institutionnelles. Cette équipe présente alors un modèle de l'implication focalisé sur l'activité professionnelle et distinguant trois dimensions: le sens donné aux actions (direction et signification accordées par le professionnel à son itinéraire dans le champ de pratiques), les repères (qui balisent l'espace et le temps professionnels dans le cadre de règles institutionnelles) et le sentiment de contrôle (des actes et du parcours individuels dans un système d'actions collectives). La combinatoire de ces d imensions donne 1 ieu à divers types d'implication (retrait passif, implication idéologique, stratégique, revendicative...), Ce modèle marqué detéléologie, différent de celui de Rouquette (malgré des analogies), est mis à l'épreuve dans des situations réelles.

Bataille et Mjas (2001) contrastent deux échantillons (un groupe "réel" en formation, un groupe "épistémique" d'étudiants) à propos du "groupe idéai". Les résultats montrent: a) qu'une plus grande proximité à l'objet (appartenance à un groupe identifié comme le sien) module (au centre et à la périphérie) la RS qu'ont les mêmes individus quand on leur déclare qu'il s'agit d'un groupe en général; b) une évolution du NC (égalité et fraternité re-thématisées en discussion des divergences et solidarité). Mi as (199S) montre que, s’ils ne trouvent pas de sens, de repères et de contrôle, l'implication des acteurs devient passive (faible pour Rouquette): davantage en retrait, ils banalisent les réponses sur leur pratique quotidienne, mais sans pour autant les radicaliser (contrairement à ceux de Guimélli, 2002). En revanche, quand leur implication est active (forte pour Rouquette), ils adoptent des positions plus conflictuelles et extrêmes (toujours contrairement à ceux de Guimélli, 2002), ils proposent et, éventuellement, contestent l'institution. Tous, même s'ils se désengagent, seraient pourtant structurellement "impliqués"; c'est que l'implication inclut aussi, dans ce modèle, des règles, des alliances et oppositions, des aspects organisationnels et institutionnels qui constituent la toile de fond implicite construite au cours des échanges et organisant ceux-ci.

Pour Bataille (2000), la relation entre représentation et implication renvoie à La genèse de la représentation dans une forme de confrontation des dissensions (Moscovici & Doise, 1992). La négociation fonde Les référents communs et l'adhésion collective en "implicitant" les divergences, les relations.,, et leur traduction symbolique (valorisée el appropriée) dans la définition de la réalité- Ainsi, plus l'objet est proche et l'engagement professionnel avancé, plus la représentation comprend d'éléments. Ainsi, un élément ''suractivé" renvoie, peut-être, à des pratiques spéci fiques, mais c'est aussi un élément valorisé par des acteurs particuliers qui Je "proposent à la centralité". Ce modèle, ajusté au champ professionnel, pourrait être étendu à l'ensemble des RS.

Des interventions dans des organisations apportent diverses illustrations de la négociation de ces représentations entre professionnels d'un même champ (Bataille, 2002), Pour celle de l'école maternelle, deux éléments apparaissent partagés et centraux: l'autonomie et la sociabilité que l'on doit apprendre aux enfants. Pour les enseignants et les parents de milieux "favorisés" ces éléments Sont associés au développement personnel et à la capacité d'entrer en contact; pour les personnels de service et Les parents de milieux populaires ils renvoient à ia capacité de se dé-brouitler seul (toilette, habillage...) et à la conformité (faire comme les autres). Au-delà du consensus sur des termes généraux apparaît une diversité de significations. Le modèle du NC explique que quelques éléments centraux génèrent les sens plus concrets de la périphérie; une analyse approfondie (Bataille, 2002) ne manque pas d'interroger cette vision. Le centre d'une RS ("complexe" pour la psychanalyse) est "vidé de précision" (Moscovici, 1961, p, 158), il est "un mot-matrice (Moscovici, 1961, p. 159) à forte valeur symbolique mais à signification pauvre en lui-même ou plus exactement à significations multiples (hautement polysémique)... [et] possède du même coup une grande puissance associative" (Bataille, 2002, p. 28). Si "autonomie" et "sociabilité" sont saillants dans les échanges, c'est que, vides de sens, ils sont susceptibles d'accueillir plusieurs signifiés; ils apparaissent ainsi "polysémiques" mais entretiennent un malentendu en place de consensus. Les éléments centraux "paraissent plus récepteurs que générateurs de sens au regard d'éléments périphériques localement spécifiés" (op. cit., p. 33), L'auteur en vient alors à proposer un renversement théorique "osé": les éléments périphériques détermineraient (au moins au niveau du sens) le NC plutôt que l'inverse.

Sans poursuivre ce débat ouvert, notons que cette vision rejoint celle de de Montlibert (1981). Une population n'est jamais homogène quels que soient les référents communs qui orientent les conduites de chacun. Ces référents constituent un "code", qui permet d'interpréter la réalité et de s'y situer, résulte de négociations entre parties aux finalités diverses et traduit la consécration légitimante de l'une d'elles. Si l'on veut comprendre la remise en cause des dominations sociales, il convient d'éclairer la dynamique de la contestation et de la revendication. Selon l'auteur, la construction des aspirations suppose d'abord une évolution delà représentation de soi dans son rapport à l'environnement qu i transforme les caractéristiques de la situation en insatisfactions (prémodification du "code"); l'élaboration d'une expérience et d'une conscience collectives, et la définition d'une causalité qui détermine la situation, fournissent des bases à l'émergence d'un revendicable puis d'un revendiqué; l'action visera ensuite à faire reconnaître la légitimité des aspirations, puis à imposer une organisation fondée sur de nouvelles représentations (et des alliances et rapports sociaux renouvelés). La construction et la détention du "code" (Le. des cadres de références et des normes) constituent ainsi un enjeu considérable.

Ces travaux sont intéressants dans la mesure où Us se focalisent sur des RS circulantes, et considèrent pleinement les contextes d'échange (communications autant que pratiques). Us soulignent aussi l'importance des fonctions des RS ainsique des va Leurs et idéologies auxquelles elles sont reliées et qu i participent à 1 a dynamique représentationnelle (Gaffié & Marchand, 2001). Le levier de l'élaboration ou de la transformation des RS semble être la confrontation des points de vue qui se Fondent ou s'opposent pour la construction de la réalité sociale.

Contextes d'expression et relations ou confrontations intergroupes

"En se représentant une chose ou une notion, on ne se fait pas uniquement ses propres idées et images. On génère et transmet un produit progressivement élaboré dans d'innombrables lieux et selon des règles variées" (Moscovici, 1989, p, 83),

Mosrovici marque ainsi clairement la détermination des RS par le contexte socio-historique global et par le contexte immédiat. Cependant, Abric et Guimelli (1998) relèvent, dans diverses études, que "le contexte immédiat transforme bien la représentation mais dans ses composantes périphériques. Autrement dit, il n'affecte pas la structure interne de la représentation qui reste stable malgré tout et ne provoque ainsi que des transformations mineures de la représentation" (p. 29), L'assertion mérite plus ample examen. Comment et pourquoi les individus expriment des représentations différentes selon les contextes? Ces différences constituent-elles toujours des venantes mineures? Les modifications n'affectent-elles que la périphérie? Plusieurs recherches apportent des éléments de réponse à ces importantes questions.6 IL est nécessaire de prendre en compte les conditions d'expression de la RS: les discours ou comportements sont produits en situation, c‘est-è-dire pour un objectif donné et vers un destinataire situé dans une relation concrète d'interaction.

Changements de contexte d'expression

L'usage de "consignes de substitution" permet de varier le contexte d'expression: les sujets sont invités à répondre soit "en leur nom propre" (condition standard) soit "comme le ferait" un autre groupe (extérieur mais suffisamment proche pour permettre une identification). Ainsi à l'inducteur "gitans" (Guimclli & Deschamps, 2000) les sujets répondent en leur nom ou "comme le feraient les français en général". Certaines associations verbales sont communes (e.g. "nomades", "famille"), mais en contexte de substitution les gitans sont perçus de façon plus négative ("voleurs", "sales") qu'en contexte standard ("guitare", "danse"), La désirabilité (ou la culpabilité, cf Moscovici, 1979) sociale pousserait les sujets à ne pas manifester une évaluation négative (qui pourrait être la leur) quand ils répondent en leur nom propre.

Suivant une procédure analogue les mêmes auteurs (e.g. Deschamps & Guimelli, 2001; 2002; Deschamps, Guimelli & Paez, 2002) étudient la composante émotionnelle de la RS de "l'insécurité des biens et des personnes" en faisant varier la centralité du terme inducteur (attentat-périphérique / violence-centre/ / délinquan-ce-centralité-quantitative). Des étudiants des universités d'Aix-Marseille (France), de Lausanne (Suisse) ou du Pays Basque répondent: en leur nom propre ou suivant des consignes de substitution variant la distance à la référence (étudiants de leur université ou gens de leur région); ils indiquent aussi les émotions suscitées (e-£. colère, peur.leurs réactions émotionnelles (impuissance,panique...) et leurs intentions d'action (aider, agresser...). Des analyses factorielles et de variance cernent les contenus et l'organisation du champ de la RS. On relève d'abord des constantes: la violence provoque plus d'angoisse (mais apparaît étrangère à l'insécurité générale, notamment à la délinquance) et c'est "attentat" qui provoque les réactions émotionnelles (surprise, aversion...) les plus intenses et le plus d'intention d'action (confrontation velléitaire). Les prises de position sur les "principes organisateurs communs" sont cependant affectées par les variations contextuelles. Le contexte situationnel (lieu d'habitat; communautés urbaines objectivement différentes quant aux problèmes de sécurité) montre un effet des cultures et des pratiques insécuritaires propres à chaque population: les aixois, plus confrontés à l'insécurité que les habitants de Lausanne, manifestent davantage d'angoisse et d'aversion mais moins de surprise et s'avèrent moins prêts à s'engager dans une confrontation. Les différences selon le contexte d'expression sont encore plus nettes. L'absence de différence entre les réponses pour soi ou pour les étudiants manifeste une forte identification aux pairs, maisl'effet de la substitution apparaît avec "les gens de la région". Les sujets s'attribuent plus de compassion (notamment face à la délinquance) et moins de velléité de confrontation, et se reconnaissent moins d'angoisse qu'aux autres. En outre, les réponses pour soi sont plutôt de type descriptif (sentiments, émotions, réactions vis-à-vis du phénomène) alors que celles formulées en place d'autrui attribuent à l'insécurité des causes (principalement étrangers, cités, drogue...) que les sujets jugeraient encore mal acceptées socialement.

Sans le changement de contexte d'expression "tout un pan de la représentation aurait échappé à l'étude" (Deschamps & Guimelli, 2001, p. 83). Les RS "sensibles" (mobilisant des valeurs et normes valorisées par le groupe) pourraient ainsi comporter des "zones muettes", sous-ensembles spécifiques de cognèmes qui ne seraient pas exprimés dans des conditions normales, mais seraient exprimables lorsque le contexte abaisse le degré d'implication des sujets. Ce phénomène renvoie aux effets de "polydoxie", entendue par Pagès (1986) comme un ensemble organisé de croyances multiples à l'égard d'un même objet, qui coexistent à l'état latent et sont extériorisâmes isolément sous l'influence de déterminants externes.

Rateau (2002) montre que les éléments centraux sont aussi affectés par le changement de contexte d'expression. La composante dimensionnelle (descriptive, fonctionnelle, normative ou mixte) des éléments serait déterminante de tels effets: seuls les éléments mixtes (donc éventuellement ambigus) sont sensibles au changement de contexte. Certains éléments présenteraient donc selon les contextes, et/ou les sous-populations, des aspects plus fonctionnels, normatifs ou descriptifs. Ceci évoque les situations de confrontation et négociation des référents communs, l'effacement des préférences normatives par la naturalisation ou l'importance des luttes pour la définition et la légitimation de la réali té (cf. Bataille supra, voir aussi Gaffié et al. infra).

Changements conjoncturels ou sa il hume de l'identité et des rapports intergroupes

Si les RS doivent donc être étudiées "encontexte" toute variation de celui-ci ne saurait cependant en produire de notables modifications. Il faudrait distinguer au moins les variations circonstancielles ou conjoncturelles de celles qui mettent en saillante l'identité sociale et les rapports intergroupes.

Un mouvement dont les chasseurs constituent la base électorale la plus importante présente, en France lors d'une élection au Parlement Européen, une liste ("Chasse, Pêche, Nature et Traditions", CPNT) qui prône notamment: la défense des libertés au nom de "l'exception culturelle" des terroirs, l'opposition au centralisme européen et la méfiance à l'égard de l'écologie politique. Peu avant l'ouverture de la campagne électorale Brand in, Choulotet Gaffié (1996; 1998) interrogent des chasseurs d'une Fédération Régionale du Sud-Ouest de la France sur la chasse et sur l'écologie. Un groupe témoin permet de cerner les RS de la chasse et de l'écologie ainsi que leur articulation chez cette population. La RS de la chasse apparaît fort structurée et consensuelle; sa ZC est organisée par un noyau combinant connaissance et respect de la nature avec gestion du territoire et inclut le sentiment de liberté dans un exercice de pleine nature et la compagnie des chiens; en revanche, l'image du chasseur "amateur", poussé par le divertissement ou des ardeurs "guerrières", est rejetée (résultats concordant avec ceux de Guimelli, 1988; 1989). La RS de l'écologie se révèle, au contraire, peu consensuelle et peu structurée; la ZC en retient une vision plutôt positive mais ambivalente, dénonçant l'écologisme et sa traduction politique. L'analyse conjointe des deux univers montre une subordination de la RS de l'écologie à celle de la chasse; le NC de la seconde organise l'ensemble représentationnel, attirant dans le champ sémantique du "bon chasseur" les éléments positifs de l'écologie L'organisation thématique rejoint les prises de position de la liste CPNT. Pour Guimelli (1988) l'écologie ne donne pas lieu h une RS constituée chez les chasseurs; ici, J'analyse révèle plutôt l'existence d'une RS organisée- Une analyse factorielle de correspondances multiples (AFCM) dégage deux fadeurs prindpaux: les éléments "chasse" apportent 70,4% des contributions au premier fadeur, ceux de "écologie" 72,5%au deuxième. Deux dimensions, aux valeurs propres voisines, renvoient clairement aux deux univers, cynégétique et écologique, et on peut les tenir pour distincts dans le complexe représentationnel,

Un deuxième groupe de chasseurs est interrogé lors d'un championnat de meutes de chiens, contexte soulignant certains aspects de la chasse. La saillance de ces thèmes (compagnie des chiens ou composante sportive) augmente dans la RS de la chasse, mais ces variations quantitatives n'affectent pas l'agencement sémantique ou la structure centrale. L'organisation de la RS de l'écologie et celle de l'ensemble représentationnel demeurent inchangées. On vérifie ainsi que la fonction adaptative des schèmes périphériques permet à la RS de résister à une variatior contextuelle de type contingent.

On soumet à un troisième groupe un texte sur la chasse (sans référence I l'écologie), attribué â une minorité de chasseurs, qui avance des positions contre-normatives sur plusieurs items (dégâts causés par les animaux, plaisir de la traque et tir) périphériques pour cette population (qui occulte ces aspects violents) Ces chasseurs, interrogés quelques semaines plus tard, manifestent une RS de h chasse transformée: le NC accueille la composante sportive de l'activité, la ZC retient la nécessité de bilans de fin de saison et de prudence avec l'arme, mais exclu! le "sentiment de liberté". Les modifications sémantiques sont notables: en transférant certains éléments (prudence avec l'arme, bilans de chasse...) dans le champ du "bon chasseur", le groupe assume des composantes plus violentes de son activité et reconnaît que celle-ci ne respecte pas toujours la vie animale; mais des résistances se traduisent aussi par le renvoi dans l'espace négatif d'autres éléments (contenus dans le message) et, surtout, du sentiment de liberté (appartenant à la ZC initiale).

La RS de l'écologie subit aussi d'importants changements. Dans son NC, deux éléments (référés au progrès économique et technique) en remplacent deux autres: l'un lié à la chimie verte et, surtout, celui de l'écologisme comme moyen de lutte (rejeté dans le champ sémantique négatif). Le groupe offre une vision simplifiée, moins ambivalente, de l'écologie: il souligne son attachement à la spécificité des terroirs, mais les préoccupations des écologistes semblent très secondaires, et la traduction politique de leurs revendications est rejetée. L'analyse conjointe des deux univers prédise ces transformations. La ZC confirme la prédominance de la chasse sur L'écologie, mais Les déplacements structuraux et sémantiques dévoilent une dissociation des deux univers: l'image de l'écologie rejoint celle du mauvais chasseur dans l'espace sémantique négatif, en opposition à celui de la chasse et de son rapport à la nature. L'ensemble gagne en structuration, ce qui écarte l'hypothèse d'une désorganisation des RS et suggère plutôt l'existence d'une position consistante renforcée qui s'approche encore de celle deCPNT. L'analyse de variance sur les scores factoriels conforte et précise l'impact du message sur les deux RS: sit3 (condition d'influence) se distingue (p<) sur les deux premiers axes, de sitl (groupe témoin) et de sit2 (groupe interrogé lors du championnat de meutes) alors que ces deux groupes sont presque confondus (voir figure 1).

Ainsi, alors qu'une variation conjoncturelle ne produit que quelques ajustements périphériques, cette étude confirme qu'un message peut initier des modifications substantielles (quantitatives, sémantiques et structurales) d'une RS.. - mais aussi d'une autre articulée avec elle. La difficulté de dégager un "principe organisateur" transférable (du point de vue minoritaire sur la chasse au champ de l'écologie), et le constat de l'évolution divergente des deux RS, conduisent à écarter l'hypothèse d'un effet de conversion, La transformation indirecte trouverait explication dans les liens réticulaires des contenus des deux RS et dans leurs relations avec les débats sociaux actualisés.

IJ est à ce point nécessaire de rappeler le contexte d'expression, La subordination de la RS de l'écologie peut sans doute être référée au primat de la chasse pour cette population spécifique, mais celui-ci n'est pas forcément permanent, il est lié au fait que les sujets sont interrogés "en tant que chasseurs". La saillance d'une appartenance catégorielle affecte l'expression d'une RS et son poids dans l'organisation de l'univers représentationnel. Ces positionnements déterminent assurément le cheminement des principes transversaux et thêmata, qui relient l'historicité sociale des RS aux rapports sociaux actualisés. En outre, les prises de positions s'inscrivent dans un contexte pré-électoral qui active le débat idéologique {notamment CNPT/Écologistes). En réaction à une minorité interne, évoquant des thèmes impopulaires, les sujets intègrent certains de ceux-ci dans leur RS de la chasse et évitent par là Je rejet des minoritaires7 dans le même temps, ils recomposent le champ sociocognitif et accentuent le clivage entre chasseurs et écologistes. Ainsi, l'organisation des RS et leur articulation sont élaborées par rapport à une interaction potentielle: les prises de positions expriment des rapports d'alliance et d'opposition dans les dynamiques intra et intergroupales (Gaffié, 1589; Gaffié & Aïssani, 1992); elles visent conjointement 5 négocier sur des savoirs et évaluations qui s'affrontent pour la définition des référents, d'une vision du monde, ici, notamment, des rapports de l'homme avec la nature.

Le contexte (situationnel ou d'expression)n'intervient pas en lui-même, mais on ne saurait davantage obtenir un effet automatique d'un message persuasif ou d'un acte engageant. Un contexte n'a d'impact qu'au travers d'un processus de contextualisation par lequel les Sujets transforment un stimulus en signal. Lorsque les scènes sociales activent des connaissances constituées de soi et des situations, elles mobilisent des réponses spécifiques du répertoire comportemental. Ceci confirme l'importance de l'implication des sujets, de l'actualisation de leur identité (essentiellement collective) et, partant, des rapports intergroupes.

Catégorisation, différenciation et confrontation

Dès l'origi ne, Moscovici posa i t que la RS porte "le sceau de sa raison d'étre, à sa voir de consolider la structure interne d'un groupe ou d'un individu, de l'actualiser et de la communiquer, d'établir des liaisons avec autrui" (1961, p, 79); c'est pourquoi elle constitue un attribut du collectif, et "l'analyse des représentations implique la comparaison entre groupes” (Moscovici, 1986, p. 76).

Gaffié (2002) apporte une preuve assez claire de cette interdépendance entre catégorisation et RS. tes participants, différenciés selon leur positionnement politique (gauche vs droite), "expliquent" la "délinquance". Un groupe témoin établit que cette RS est globalement organisée par des facteurs internes contrôlables (tentation, recherche de visibilité.. Jet d'autres qui mettent en cause l'entourage immédiat (guidage parental, mauvais exemples.,.); la variable "politique" n'introduit que des différences modérées et la RS s'avère donc largement partagée.

Four deux groupes expérimentaux on induit une comparaison sociale plus ou moins discriminante entre idéologies de gauche et de droite, avant que les sujets s'expriment sur La délinquance. Les analyses révèlent alors entre les deux types de sujets une divergence (d'autant plus forte que la comparaison induit plus de différenciation): ceux de gauche privilégient les facteurs socioéconomiques (fonctionnement global de la société); ceux de droite mettent en cause la responsabilité des acteurs (sujet ou proches éducateurs), l'appel au registre dispositionnel traduisant ensuite une conception essentialiste. On vérifie en outre que, quand la différenciation est activée, les sujets s'adossent davantage aux principes qui cernent l'identité de leur groupe (e.g. égalité, solidarité, défense des couches populaires ... à gauche; liberté, valeur du travail, autorité-, - à droite). La domination sociopolitique trouve ainsi sa traduction dans l'espace représentationnel puisque, sans éveil de la différenciation, la RS de la droite libérale s'impose à toute la population. La communication donc peut pousser, selon le contexte, vers les réponses "dominantes" (attendues et partagées) ou vers d'autres (jusque là "muettes”) qui assurent la visibilité, l'identité sociale, les alliances, les justifications., ; Voilà qui in vite à rechercher les effets du contexte et à fouiller nu delà d'éléments consensuels qui peuvent masquer le fait que certains proposent une conception plus conforme à leurs options. "En effet, tout se passe comme si les représentations sociales devaient mieux jouer leur râle dans le maintien des rapports sociaux en assumant la caractéristique d'évidence fondée su r ces rapports" (Doise, 19900. Il en va donc, au delà des aspects théoriques, d'impératifs déontologiques.

Le modèle de L'homologie structurale (Bourdieu, 1979) avance que les individus produisent des RS conformes à leurs positions de pouvoir dans le champ social Doise f 1935; 1990) s'y réfère pour affirmer que les "principes organisateurs" des RS traduisent l'ordre de la société et que l'ancrage permet aux divers groupes de manifester leurs positions par rapport â ces référents: "chaque groupe social, en [les] investissant de signifiants partiellement distincts... devrait montrer ainsi son positionnement particulier par rapport à ces mêmes principes" (Viaud, 1999, p. 84). Si les RS dépendent de ces positions, la trajectoire sociale d'un individu doit s'accompagner de leur transformation. C'est ce que Viaud (1999) montre pour la RS de L'économie chez des élèves-ingénieurs passant du statut d'étudiant à celui de cadre: les sujets d'origine "favorisée" ne modifient pas leur RS; ceux en mobilité ascendante, changeant de place (de classe), infléchissent leurs "investissements thématiques" dans le sens de la nouvelle appartenance. Ces "individus en modifiant leurs insertions sociales, et les dynamiques relationnelles que supposent ces modifications et qui en résultent, en viennent à épouser d'autres représentations" (op. cit, p. 83).Tafani et Bel Ion (2001) spécifient l'impact des asymétries économiques, culturelles et de genre sur la RS des. "études". La correspondance entre le patrimoine économique et social et la hiérarchie des éléments da ns les systèmes centraux des RS exprimées conforte un premier niveau de l'homologie structurale8 Les individus culturellement dominants valorisent la finalité intellectuelle des études (logique de reproduction sociale) et ceux dominés économiquement valorisent leur finalité pragmatique (logique de mobilité sociale); Les hommes valorisent la finalité pragmatique quand les femmes privilégient la finalité intellectuelle (conformément à la stéréotypie des rôles découlant de la division sexuelle du travail). Des manipulations d'informations sur l'évolution (croissante vs décroissante) des asymétries (économique us culturelle) permettent de vérifier l'aspect dynamique du modèle. "Ce n'est qu'en l'absence de menace dans le champ culturel que les individus valorisent la finalité intellectuelle des études, ce qui leur permet d'élaborer une représentation conforme à la position de dominants qu'ils occupent dans ce champ. De même, c'est sous l'induction d'une menace dans Le champ économique que les individus valorisent la finalité pragmatique l'acquisition d'un capital symbolique qui leur fait défaut" (dp. cit, p. 190). "La dynamique représentationnelle mobilise des processus de différenciation sociale régulés par le contexte social dans lequel sont placés les individus et, notamment, le fait que celui-ci actualise ou non une menace pour l'identité sociale des groupes considérés" (idem, p. 192),

Chacun de nous appartient à diverses catégories sociales et, polydoxie, il exprime des représentations spécifiques chaque fois qu'il est amené è se prononcer en tant que membre d'un de ces groupes et par rapport à des partenaires définissur un objet pertinent pour ces appartenances. Poeschl (1998) demande ainsi à des sujets occupant différentes positions dans la structure scolaire de définir l'intelligence et de se prononcer sur les définitions des pédagogues ou des psychologues (professionnels qui interagissent dans ce cadre). Les résultats montrent d'abord que les divers groupes expriment des représentations spécifiques par rapport à des principes organisateurs communs. L'analyse révèle ensuite que: a) ces RS sont ancrées dans le système de valeurs de chaque groupe; b) la comparaison sociale induite pousse les répondants à investir spécifiquement certains thèmes; c) la RS exprimée traduit une stratégie identitaire de valorisation et, surtout, de différenciation entre la catégorie d'appartenance et les groupes externes. Une deuxième étude aborde les représentations de l'intelligence en général et des intelligences masculines et féminines par des sujets des deux sexes. La RS de l'intelligence en général ne fait apparaître aucune différence entre les deux groupes; en revanche leurs représentations des intelligences spécifiques diffèrent et mettent en relief les caractéristiques considérées comme pertinentes pour différencier les deux genres. Toutefois, si les femmes valorisent les caractéristiques de leur groupe, elles accordent aussi plus d'importance â celles qui distinguent les hommes. Ainsi, les RS exprimées reflètent et justifient les asymétries de statut et ce sont les sujets en position de dominés qui adhèrent le plus à cet ordre établi. Un travail récent (Poeschl, 2003) sur les RS des différences entre les sexes conforte cette vision. Les RS des deux groupes demeurent dans le cadre de l'actuelle division des rôles et des rapports inégalitaires qu'elle implique. Même si les RS exprimées permettent aux divers groupes de maintenir une identité positive, elles contribuent au maintien de l'ordre établi et donc de l'idéologie dominante qui stabilise les RS générales. C'est dire que si les représentations exprimées relèvent de stratégies de pouvoir qui participent de la dynamique représentationnelle elles trouvent résistances dans l'organisation sociocognitive individuelle et collective.

D'autres types de régulations ont été repérés. Une des premières recherches situant sa problématique au croisement des théories de l'influence sociale et des RS a été menée (Gaffié, 1989; 1991; 1992; Gaffié & Aïssani, 1992) au sein d'un parti politique (le Parti Socialiste français) durant une session de formation (moment propre à renforcer la cohérence doctrinale et la cohésion sociale, le fonctionnement "orthodoxe" — Deconchy, 1971). Les participants sont confrontés, sur le thème de l'immigration, à un môme message (non conforme aux idées du parti) attribué à une minorité intragroupe ou hors groupe (autre parti). Au niveau de l'influence on observe que: 1) la minorité externe déclenche un repli sur des positions orthodoxes renforcées; 2) la minorité interne affaiblit le consensus et peut entraîner des transfuges vers sa position. L'analyse des régulations (exigences réglant l'appartenance au groupe, limitation de l'espace sémantique du discours, indexations de la source) montre que, selon les situations (précisées dans la recherche), le système réagit aux perturbations soit en confortant l'unité du groupe autour de sa doctrine, soit en renouvelant ce contrôle et en maintenant une certaine tolérance qui évite le durcissement du conflit et le recours éventuel à l'exclusion (Gaffié, 1992). Les représentations exprimées à propos de l'immigration portent les traces de ces dynamiques, Après confrontation avec la minorité externe, la population livre une RS simplifiée (par rapport à la RS initia le) qui exprime un repli sur la ligne du parti, se démarque de la source et traduit fermeté et détermination. Après confrontation è la minorité interne, l'agencement de la RS subit de fortes perturbations: elle se présente comme un assemblage d'éléments bricolés; le maintien de l'intégrité du groupe ne s'opère qu'au prix de la coexistence de positions ou valeurs divergentes. Les RS expriment ainsi le rapport du groupe à l'objet du débat, mais aussi son positionnement dans le champ sociocognitif, l'état des relations internes et externes qu'il entretient ou qu'il est prêt è entretenir (Gaffié & Aïssani, 1992).

Dynamique représentationnelle et/ou changement de RS

En choisissant de privilégier la diversité des expressions,9 voire les "incessants bavardages", nous sommes conscient du risque de prendre pour changement ce qui n'est que souci de démarquage et de visibilité. En l'absence actuelle d'un modèle susceptible de concilier les exigences d'une approche structurale et celles d'un regard génétique sur l'affrontement quotidien des forces de reproduction et d'innovation, le pari nous semble justifiable, utile, et prometteur. Mais un tel pari ne va pas sans précautions corollaires.

Les variations observées sont, souvent, labiles et circonstancielles, leur permanence sur les référents les plus partagés n'est en effet pas assu rée; elles ne se maintiennent qu'à la mesure de leur renforcement par la répétition, les soutiens de l'entourage, les engagements suscités. Le fait qu'elles ne soient pas toujours durables ne signifie pas que ces variations sont mineures et qu'elles ne participent pas au changement,10 mais que leur étude doit indure celle des résistances aux ferments de transformation. Au moins quatre types de résistances ont pu être détectés dans les recherches évoquées:

— des mécanismes de défense (rationalisation et réfutation notamment) interviennent selon leur mode habituel au niveau individuel;

— les lois structuro-dynamiques régissant les systèmes d'attitudes et de représentations (principe d'économie; régulations liées à l'associativité et à la

connexité, notamment des éléments les plus centraux.,.) permettent d'absorber les fluctuations;

— les "réglages" orthodoxes, qui existent tendanciellement dans tout groupe, et les équipements idéologiques dont celui-ci dote ses membres (Decorchy, 1971; 1995; Gaffié, 1989,1991): ils renforcent de façon subtile les jeux de pouvoir et les habituelles réactions majoritaires ("paralysie sociocognitive", pressions, récupérations...);

— les régulations opérées entre RS et qui dépendent sans doute, là encore, de l'associativité et de la connexité; en effet, les diverses RS ne sont pas isolées mais elles "se déplacent, se combinent, entrent en rapport et se repoussent" (Doise & Palmonari, 1986, p. 15} en fonction de leur place dans le champ social et des débats qui l'agitent; nous nous trouvons alors au niveau du contexte socio-historique et des divisions (des biens, du travail, sexuelle...) qui organisent les rapports sociaux et leur reproduction.11

La dynamique représentationnelle ne saurait être réduite aux changements à ce dernier niveau. Dans la subtile fluidité des échanges quotidiens, communications et prises de positions constituent des unités de pratique: leur saisie restitue aux sujets leur rôle d'acteurs et permet l'examen de processus initiateurs de changement qui, sans cela, restent ignorés. "On raisonne dès lors sur des mécanismes psychiques et de communication produisant un phénomène spécifique au cours de ces milliers d'actes, raconter, emprunter, reraconter, effectués par tant et tant d'individus. En se représentant une chose ou une notion, on ne se fait pas uniquement ses propres idées ou images. On génère et transmet un produit progressivement élaboré dans d'innombrables lieux selon des règles variées" (Moscovici, 1989, p. 83). C'est dire l'intérêt d'étudier l'expression des RS en situation de confrontation; il convient pour cela de tenir compte du contexte dans lequel prennent place ces débats sociaux. Seules des recherches en milieu naturel (ou manipulant de tels paramètres) sont susceptibles de révéler l'importance que revêtent les fonctions (anticipation, justification, revendication, identité et différenciation sociales, reproduction...) de ces RS pour comprendre leurs modifications. L'expression d'une RS à propos d'un objet n'implique pas de considérer celle-ci comme entièrement partagée, au contraire elle permet d'affirmer une position dans un débat entre partenaires marqués et situés dans des rapports sociaux, et ce contexte fournit le cadre dans lequel la validité est éprouvée. Au cours de ces confrontations les différents partenaires s'allient ou s'opposent pour la définition de l'objet et de ses usages légitimes; "dans cette perspective, certaines évolutions des représentations traduiraient donc, dans la société, le désir de façonner de nouveaux objets" (Moliner, 2001, p, 247).

Nous voici donc plongés dans l'histoire et le devenir de la société, une temporalité hors du regard spécifique de la psychologie sociale. Différencier dynamique représentationnelle et bouleversements sociaux invite cependant à nous situer plus clairement dans la temporalité. Les études longitudinales de terrain sont, à l'évidence, d'un coût prohibitif, peu en accord avec les exigences institutionnelles actuelles vis-à-vis des chercheurs; en revanche, l'attention au contexte peut (et doit) indure davantage l'histoire de l'objet, celle du groupe et celle des rapports sociaux dans le champ. La dynamique représentationnelle ne mobilise pas forcément les mêmes processus, moteurs et résistances aux divers moments de leur histoire. Dans cette voie, Moliner (2001) discerne "trois périodes importantes dans l'histoire d'une représentation sociale: la phase d'émergence, le phase de stabilité et celle de transformation " (p. 248); il avance des indicateurs de ces phases et propose des premières orientations méthodologiques pour chacune d'elles. Si l'étude des RS exprimées apparaît comme une voie actuellement privilégiable de l'approche de la dynamique représentationnelle (non réduite aux changements de la structure sociale elle-même) elle doit se situer par rapport à cette dimension temporelle qui conduit aux frontières d'autres disciplines des sciences humaines. Le regard psychosocial saura-t-il y garder ses spécificités?Ceci est (ose-t-on dire)... une autre histoire. À nous de l'écrire.

 

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Notes

1Voir, par exemple, Andriamitidiosa (1982), Domo (1984), Lahlou (1938), Secca (2001)...

2Des rapprochements ont été opérés récemment; nous y reviendrons.

3Quitle à ce que le système central se réduise à un seul élément ("amitié" pour le groupe idéal : Bateau, 1995).

4Groupe idéal, entreprise, études travail, profession d'infirmière...

5Sculejnent?

6Selon la théorie de la'élaboration (Pérez & Mugny, 1993), un message peut briser le noyau d'une RS. Mugny lance un dé fl qui, élégamment relevé par le tenants de la théorie de NC, Donnera une exemplaire col laboration scientifique enlie les équipes de Genève, Aix et Montpellier. L'espece de cet article ne permet pas de p résinier ces résultats qui, depuis l'expérience princeps de Mugny,Molmer et Rament (1997), ont vérifié que l'on peut modifier une RS en portent la contradiction directement sur un élément central, et ont précisé des conditions d'un tel impact- Soûl (gnons seulement, sel on l'optique choisie ici, que ces observation s n'ont pu étre réslisées qu'en prenant en considération de façon très précise les caractéristiques du contexte. La JÎS choisie est «lie du "groupe idéal", les expériences, menées auprès d'étudiants en psychologie en situation de cours, se déroulent dans un cadre oû cet objet est important et ou des communications persuasives (informations scientifiques) sont pertinentes et suivent des pratiques sociales institutionalisées connues des acteurs. Les auteurs Ont ainsi cerné des Conditions dans lesquelles une source déclenche une réponse de complaisance (simple changement d'altitude) ou entraîne une réelle reconstruction de la RS, Entrent en |eu: le statut d'expertise de laaourceet ta compétence que la cible se reconnaît (Mugny.Tafany, Butera & Pigièie, 1998), les enjeux épis témiques et identitaires actualisés (Talany, Falamir &Mugnv, 2000), le caractère plus ou moins contraignant ou intransigeant de l'évaluateur, le rapport des cibles i l'autorité... autant d'éléments qui contribuent à l'élaboration el au traitement du conflit dans ce contexte particulier de construction du savoir.

7Un tel assouplissement (gestion de l'hétérogénéité intragroupe) a déjà été observé (Gafhé, 1991).

8A celte occasion, les auteurs notent que chacun des iacleu rs dirigés pur analyse factorielle et repéré comme "principes organisateur«'' comprend du* croyances identifiées comme "centrales" par une méthode de mise en cause. Nous avons ici une des traces du rapprochement on cours des deux principaux modèles de l'organisation des RS (voir aussi Mutiner, 1995).

9Une objection avancée par certains & cette ligne de travail est qu'elle ne s'intéresse qu'à des représentations "exprimées"; disons simplement que nous ignorons ce qu'est une HS qui n'est pas exprimée... d'une façon ou d’une autre.

10La 'représentation collective" semble peut-être ne pas changer... "et pourtant elle bouge" dirons nous pour parodier.

11On peut alors trouver des représentations “'naturalisées", sans enjeu actualisable en l'instant, et donc échappant à l'approche des RS (Molincr, 2001).

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